06 Calvados Nord Ouest - Région de CAEN

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A1

Abbaye, un lieu fondé suite à une union avec un bâtard et un désaccord avec le Pape

Périodes : XI^e, XVI^e, XVIII^e, XIX^e siècles.
À voir : Ensemble de l'exceptionnel édifice et tombeau de Mathilde de Flandre, épouse de Guillaume le Conquérant.

La construction de l'abbatiale a débuté vers 1062, sous l'impulsion de Mathilde de Flandre, épouse de Guillaume le Conquérant. Sa consécration en 1066, alors que les travaux étaient encore en cours, marque le début de cette période. L'église est un chef-d'œuvre de l'art roman Normand, caractérisé par sa sobriété, ses volumes imposants et l'utilisation de la pierre de Caen, calcaire local clair. Si l'église conserve l'essentiel de sa structure romane, les bâtiments conventuels attenants ont subi d'importants remaniements, notamment au XVIII^e siècle. Ces travaux, entrepris à partir de 1702, ont donné aux bâtiments leur aspect néoclassique actuel. Le cloître, par exemple, devait être achevé dans ce style, mais les travaux furent interrompus par la Révolution française. Au XIX^e siècle, l'église elle-même a connu des restaurations. La façade occidentale de l'église, telle que nous la voyons aujourd'hui, date en partie du XIX^e siècle, avec des ajouts tels que la balustrade et les gargouilles. Après la Révolution, l'Abbaye a connu de multiples usages, transformant son architecture pour s'adapter à de nouvelles fonctions : Début XIX^e siècle : Dépôt de mendicité, puis hôpital militaire et caserne ; 1823-1909 : Hôtel-Dieu, géré par les sœurs de la Madeleine de Saint-Augustin ; Début XX^e siècle : Hospice Saint-Louis, accueillant les pauvres, les vieillards et les enfants.

Découvertes
Mathilde de Flandre est décédée à Caen le 2 novembre 1083 et fut inhumée dans le chœur de l'église abbatiale où son tombeau est encore visible dans le chœur. Le corps de la reine a été profané et ses ossements dispersés lors des guerres de Religion au XVI^e siècle. Heureusement, grâce à l'intervention de l'abbesse Anne de Montmorency, une partie des os a pu être ramassée et cachée dans l'abbaye, permettant ainsi la conservation de ses restes, même s'ils ne sont plus dans leur intégrité d'origine.

Deux abbayes pour une promesse au Pape

Le mariage de Mathilde de Flandre et de Guillaume le Conquérant, célébré vers 1050, fut d'abord marqué par un profond désaccord papal. Le pape Léon IX s'opposa farouchement à cette union en raison de leur consanguinité : Mathilde et Guillaume étaient cousins au 5^e degré, un lien de parenté jugé trop proche par le droit canonique de l'époque.
Cette interdiction mena à une excommunication temporaire du duc de Normandie. Pour obtenir l'absolution papale et légitimer leur union, le couple s'engagea à fonder deux grandes abbayes bénédictines à Caen : l'Abbaye aux Hommes pour Guillaume et l'Abbaye aux Dames pour Mathilde. Cet acte de piété, en signe de repentance, permit finalement au mariage d'être reconnu et au couple de retrouver la grâce de l'Église, scellant ainsi une alliance politique et religieuse majeure.

Abbaye XI^e, XVI^e, XVIII^e, XIX^e s.

Église abbatiale

Nef

Croisée des transepts et choeur

Choeur

Tombeau de Mathilde de Flandre

A2

Ruines de l'église, l'épreuve de trop pour un fier édifice

Périodes : Origines X^e siècle, reconstruction XV^e siècle.
À voir : Ruines de l'édifice et son histoire, bataille de Normandie...

Fondée au X^e siècle, elle a traversé bien des épreuves. Gravement endommagée lors du siège de 1417 durant la Guerre de Cent Ans, elle fut reconstruite au XV^e siècle, arborant alors sa distinctive tour-lanterne octogonale. Désaffectée en 1793 après la Révolution, son destin fut scellé par les bombardements de 1944 lors de la Seconde Guerre mondiale, qui détruisirent sa nef.

Bataille de Normandie
La nuit du 6 au 7 juin 1944, l'air de la ville vibrait d'une terreur inédite. Alors que les Alliés tentaient de percer les défenses Allemandes, la ville devint un point de mire pour des bombardements incessants. Le fier édifice n'échappa pas à cette furie. L'histoire raconte qu'un obus, visant avec une précision tragique une colonne de chars Allemands qui avait trouvé refuge à ses abords, s'abattit sur lui. Ce n'était pas la première fois que ses pierres tremblaient sous les assauts, mais cette fois-ci, l'impact fut d'une violence inouïe. Le souffle de l'explosion déchira l'espace, pulvérisant la nef, le cœur même de l'église, la laissant à ciel ouvert, béante. Les vitraux, si fiers autrefois, volèrent en éclats, les bancs furent réduits en poussière, et le silence de la dévastation succéda au vacarme infernal. Ce jour-là, la petite église ne fut pas seulement endommagée ; elle fut mortellement blessée.

Vestiges de l'église origines X^e, reconstruction XV^e s.

B1

Ancienne abbaye, un lieu où il aurait mieux valu ne jamais passer commende

Périodes : XIII^e, XV^e, XVII^e, XVIII^e siècles.
À voir : Ensemble du site, granges aux dîmes, porteries et église abbatiale, bataille de Normandie...

L'histoire de l'abbaye débute en 1121 avec l'établissement d'une petite communauté chrétienne. L'église abbatiale, datant du XIII^e siècle, a été profondément transformée au fil des siècles. Elle est touchée par la Guerre de Cent Ans, notamment en 1417 par un pillage, puis en 1450, Charles VII de France l'occupe pendant le siège de Caen. Le XVI^e siècle marque une période de déclin avec l'instauration du régime de la commende. Les guerres de religion infligent de lourdes destructions à l'abbaye en 1562, la laissant en partie à l'abandon. Des restaurations ont lieu aux XVII^e et XVIII^e siècles, notamment avec la reconstruction des voûtes de l'abbatiale en bois et l'édification de la porte Saint-Norbert en 1680. La Révolution française chasse les chanoines en 1790. L'abbaye est acquise en 1799 par un Anglais qui en fait temporairement un temple protestant, le premier à ouvrir en France après la Révolution. Les destructions continuent au début du XIX^e siècle, l'abbaye servant de carrière de pierres. Pendant la Seconde Guerre mondiale, elle est un point stratégique et subit des bombardements en 1944. Après la guerre, des restaurations sommaires sont effectuées. Dans les années 1980, la Région Normandie devient propriétaire des lieux et entreprend une vaste campagne de rénovation et de réutilisation du site.

Bataille de Normandie
La paisible abbaye n'aurait jamais imaginé devenir le théâtre d'un chapitre sombre de l'après débarquement. Au printemps 1944, ses pierres millénaires frémissent sous les bottes Allemandes, se transformant en quartier général pour la redoutable 12^e SS Panzer-Division. Le 6 juin, le débarquement allié déchire le silence Normand. L'abbaye, au cœur des combats acharnés, subit les foudres des bombardements, ses murs séculaires sont éventrés. Mais l'horreur la plus profonde éclate les jours suivants. Des soldats Canadiens, capturés, sont conduits dans l'enceinte sacrée. Leurs espoirs d'un retour au pays, s'éteignent brutalement sous les balles des SS. Dix-huit vies fauchées, puis deux autres, transformant la grange en un lieu de mémoire macabre. Ce Massacre restera une cicatrice indélébile. Aujourd'hui, l'abbaye renaît de ses cendres, un lieu de sérénité et de souvenir. Le Jardin du Souvenir Canadien murmure les noms des victimes, un hommage éternel à ces jeunes hommes dont le sacrifice résonne encore dans l'air Normand.

Vestiges de l'abbaye XIII^e, XV^e, XVII^e, XVIII^e s.

C1

Château, un troubadour jusque dans son festival musical

Périodes : XIX^e siècle.
À voir : Château et son parc, base d'activités sportives et nautiques...

Le Château est une propriété emblématique qui a su conjuguer histoire et dynamisme contemporain. Construit en 1864 dans le style troubadour, ce château était la résidence d'un armateur influent du Havre. Il s'intègre harmonieusement dans un vaste domaine de 23 hectares de prairies et de bois, longeant le pittoresque canal de Caen à la mer, offrant un cadre naturel d'une grande beauté. Après diverses utilisations, dont celle de colonie de vacances, le château fut acquis par la commune en 1977. Chaque été, il accueille un événement musical d'envergure attirant des dizaines de milliers de festivaliers, faisant vibrer le parc au rythme de stars internationales. Le château et ses dépendances sont également disponibles à la location pour des réceptions et événements, témoignant de sa capacité à évoluer tout en préservant son héritage.