Petit Lexique Architectural et Historique

Abbaye

Une abbaye est un important monastère dirigé par un abbé ou une abbesse, chef d'une communauté de moines ou de moniales respectant une règle monastique spécifique, comme celle de Saint Benoît. Ces religieux prononcent des vœux de pauvreté, de chasteté et d'obéissance, dédiant leur vie à la prière, au travail et à l'étude. Traditionnellement, les abbayes jouissent d'une autonomie notable vis-à-vis de l'évêque local, tout en restant sous l'autorité ecclésiastique. Architecturalement, une abbaye constitue un complexe imposant avec une église abbatiale, un cloître, des dortoirs, un réfectoire, et des espaces dédiés au savoir comme les scriptoria et les bibliothèques. Historiquement, particulièrement au Moyen Âge, les abbayes ont joué un rôle crucial en Occident. Elles étaient des centres vitaux pour la conservation et la transmission du savoir, l'innovation agricole et artisanale, et servaient d'hôpitaux, d'hospices et de lieux d'enseignement. Leur influence spirituelle, culturelle et économique était considérable. Elles sont associées à divers ordres monastiques tels que les Bénédictins et les Cisterciens, chacun ayant ses propres traditions. En résumé, une abbaye est une entité organisée et autonome, cœur d'une vie monastique et acteur majeur de l'histoire.

Abside

L'abside est une caractéristique architecturale distinctive, principalement observée dans les églises romanes et gothiques. Elle se présente comme l'extrémité semi-circulaire ou polygonale d'un bâtiment, généralement située à l'arrière du chœur d'une église. Typiquement, elle est placée à l'est, s'orientant vers le lever du soleil pour symboliser l'espérance chrétienne. Sa forme la plus courante est l'hémicycle, mais elle peut également être polygonale, affichant divers nombres de côtés. La fonction principale de l'abside est d'accueillir l'autel principal et le sanctuaire, l'espace réservé au clergé, ce qui en fait un lieu sacré et central pour les cérémonies religieuses. Au fil des siècles, son architecture a évolué. Il n'est pas rare de trouver des absides entourées d'un déambulatoire, un passage semi-circulaire. Ce dernier permet aux fidèles de se déplacer et d'accéder aux chapelles rayonnantes sans perturber le déroulement des offices.  En résumé, l'abside est cette extrémité arrondie ou à pans coupés que l'on découvre derrière l'autel dans les édifices religieux anciens.

Antiquité (-3400-3200 av. J.C. - 476 ap. J.C.)

L'Antiquité est une période fondatrice de l'histoire humaine, s'étendant de l'invention de l'écriture vers 3400-3200 av. J.-C. en Mésopotamie et en Égypte, jusqu'à la chute de l'Empire romain d'Occident en 476 ap. J.-C. Cette ère a marqué le passage de la préhistoire à l'histoire écrite, permettant la consignation des lois, mythes et connaissances. Elle fut le berceau de civilisations majeures qui ont façonné le monde. Parmi elles, les civilisations mésopotamiennes ont vu naître les premières cités-États et l'écriture cunéiforme, tandis que l'Égypte s'illustrait par ses pharaons et ses pyramides. La Grèce antique est reconnue pour l'émergence de la démocratie, de la philosophie et du théâtre, et l'Empire romain a laissé un héritage colossal en droit, architecture et ingénierie. D'autres civilisations importantes, comme celles de la Vallée de l'Indus et les premières dynasties chinoises, se sont également développées. En résumé, l'antiquité est caractérisée par l'essor des villes, l'apparition de l'État, le développement de l'agriculture et du commerce, ainsi que des avancées significatives en sciences, techniques et arts. Elle a également vu la formation de codes de lois et l'émergence de grandes religions et systèmes de pensée. L'Antiquité, riche et diversifiée, a jeté les bases du monde actuel grâce à l'écriture et au développement de civilisations complexes et organisées.

Appareil en arête-de-poisson

L'appareil en arête de poisson, ou opus spicatum, est une technique de maçonnerie caractérisée par la disposition inclinée de ses éléments, qu'il s'agisse de briques, de pierres plates ou de galets. Ces matériaux sont posés en biais, généralement à un angle d'environ 45 degrés, et l'inclinaison s'inverse à chaque rangée, créant un motif distinctif rappelant les arêtes d'un poisson ou les grains d'un épi de blé. Cette méthode offre plusieurs avantages fonctionnels. Elle confère une solidité et une stabilité accrues aux murs en répartissant mieux les poussées et en ralentissant les tassements, un atout précieux pour les constructions utilisant des matériaux irréguliers. De plus, elle peut améliorer le drainage de l'eau dans les sols ou les fondations. Au-delà de ses qualités structurelles, l'appareil en arête de poisson possède une valeur esthétique indéniable. Son motif unique peut embellir façades et sols, ajoutant une touche recherchée ou rustique. On retrouve cette technique à travers diverses époques et régions. Très utilisée dès l'Empire romain, notamment pour les sols et les aqueducs, elle fut particulièrement répandue durant les périodes préromane et romane (XIe et XIIe siècles) dans les églises, châteaux et fortifications d'Europe occidentale.

Arc-doubleau

Un arc doubleau est un élément architectural clé, surtout dans les églises romanes et gothiques, où il soutient les voûtes, ces couvertures courbes formant le plafond. Plus épais que les nervures de la voûte, son rôle principal est de renforcer la structure et de reprendre une partie des forces exercées sur les murs ou les piliers. Cet arc est toujours placé perpendiculairement à l'axe longitudinal de l'édifice, délimitant ainsi les travées de la voûte. Sa forme varie selon le style architectural : en plein cintre (demi-cercle) dans le roman, et brisé (en ogive) dans le gothique. Chaque arc doubleau marque la séparation entre deux travées, une travée étant l'espace couvert par une seule unité de voûte. Souvent, les arcs doubleaux correspondent à des contreforts à l'extérieur ou des pilastres à l'intérieur, qui sont des renforcements des murs conçus pour contrer les poussées latérales de la voûte. Dans les premières voûtes, les arcs doubleaux facilitaient la construction en divisant les longues voûtes en sections plus courtes. Avec l'avènement de la voûte d'ogives gothique, ils sont devenus essentiels, collaborant avec les ogives et les formerets pour distribuer les charges vers les piliers. 

Archivolte

L'archivolte est un élément architectural décoratif qui désigne l'ensemble des moulures et des ornements suivant la courbure d'un arc, typiquement au-dessus d'une ouverture comme une porte ou une fenêtre, ou une arcade. Elle se situe sur la face d'un arc, encadrant le vide d'une baie ou d'un tympan, et est fréquemment rencontrée sur les portails d'églises ainsi que sur les arcades intérieures. Sa fonction principale est avant tout décorative, visant à mettre en valeur l'arc et l'ouverture qu'il surmonte. Une archivolte est souvent composée de plusieurs voussures concentriques, créant profondeur et ampleur, chaque voussure pouvant être ornée de motifs distincts. C'est un espace privilégié pour la sculpture, présentant une grande variété de motifs : géométriques (zigzags), végétaux (feuilles), ou figuratifs (personnages, scènes narratives, créatures fantastiques). Ces ornements sont souvent chargés de symbolisme, surtout dans l'art roman et gothique. L'archivolte a évolué stylistiquement : romane, elle est massive avec des voussures épaisses et des sculptures géométriques ou narratives simples ; gothique, elle devient plus fine et élancée, avec un nombre croissant de voussures et des sculptures plus réalistes et détaillées.

Art et période gothique (XIIe-XVIe siècles)

L'art et la période gothique marquent une ère artistique majeure en Europe occidentale, succédant au Roman et s'étendant du milieu du XIIe au début du XVIe siècle. Originaire d'Île-de-France, notamment avec l'abbatiale de Saint-Denis, ce style s'est développé dans un contexte de renforcement royal, d'essor urbain, de développement universitaire et d'une foi chrétienne fervente.Le Gothique rompt avec la massivité romane en cherchant lumière, verticalité et légèreté. Ses innovations architecturales clés incluent l'arc brisé (ou arc en ogive), qui réduit les poussées latérales et permet des hauteurs accrues, et la voûte d'ogives, un système où des arcs diagonaux transfèrent les charges vers des piliers renforcés. Les arcs-boutants, structures extérieures révolutionnaires, contrecarrent les poussées des voûtes, libérant les murs de leur fonction porteuse et permettant de percer de grandes baies ornées de vitraux colorés. Ces derniers inondent l'intérieur d'une lumière mystique, racontant des récits bibliques. La verticalité est omniprésente, symbolisant l'aspiration spirituelle, tandis qu'une décoration abondante se manifeste par des sculptures de plus en plus réalistes sur les portails et chapiteaux, ainsi que par des gargouilles. Outre l'architecture, l'art gothique influence la sculpture, évoluant vers un naturalisme accru, la peinture sur bois et les enluminures, ainsi que les arts décoratifs. Le Gothique représente donc une révolution artistique, construisant des édifices d'une luminosité et de proportions inégalées.

Différentes périodes Gothiques

  • Milieu XIIe - Début XIIIe s
  • Gothique primitif / Gothique Ancien

    Naissance des éléments fondamentaux du gothique : la voûte sur croisée d'ogives, l'arc brisé (ou ogival), l'emploi de contreforts et, de manière encore timide, des arcs-boutants (souvent intégrés dans la maçonnerie ou très massifs). Les églises sont encore relativement sombres, les fenêtres sont moins grandes que dans les périodes ultérieures. La sculpture est encore influencée par le roman, avec une certaine raideur des figures.

  • 1240 - Fin XIIIe s.
  • Gothique Classique / Gothique Rayonnant

    C'est l'apogée du style gothique. Les techniques sont pleinement maîtrisées, permettant des élévations plus hautes et des murs de plus en plus évidés au profit des verrières. Le réseau des nervures des voûtes devient plus complexe ("rayonnant"). Les arcs-boutants sont pleinement développés, permettant d'énormes baies vitrées inondant l'intérieur de lumière. La sculpture gagne en réalisme et en expressivité, les figures sont plus individualisées.

  • XIVe - Début XVIe s.
  • Gothique Flamboyant

    Le style devient très ornemental et décoratif. Les réseaux des fenêtres prennent des formes complexes, sinueuses et "flamboyantes" (rappelant des flammes). La sculpture est exubérante, avec une profusion de pinacles, gâbles, et une complexité accrue des voûtes (voûtes en étoile, en éventail). L'horizontalité est parfois privilégiée, et l'architecture peut paraître plus "dentellée".

Art préroman

L'art pré-roman désigne les productions artistiques en Europe occidentale entre la fin de l'art paléochrétien (vers 476) et l'émergence de l'art roman (autour de l'an mille). Loin d'être un style homogène, cette période est une phase de transition et de grande diversité artistique, marquée par des influences variées. Après la chute de l'Empire romain, l'homogénéité architecturale romaine décline, laissant place à de nouvelles formes. L'art pré-roman intègre des éléments des cultures barbares, chrétiennes et gréco-romaines persistantes, ainsi que des influences byzantines. L'architecture religieuse est prédominante, avec la construction de nombreuses églises et monastères aux plans souvent simples, mais intégrant progressivement des caractéristiques annonciatrices de l'art roman, comme les arcs et les voûtements. Parallèlement, les arts précieux et l'enluminure connaissent un essor remarquable. Le travail des métaux, l'ivoire et surtout les manuscrits enluminés se développent, caractérisés par des motifs complexes tels que les entrelacs et des lettrines richement ornées. En somme, l'art pré-roman est une période d'expérimentations artistiques et architecturales qui a jeté les bases du premier grand style universel de l'Europe occidentale depuis l'Antiquité : l'art roman.

Art roman et période romane (XIe - XIIe siècles)

La période romane et l'art roman désignent un style artistique majeur qui a dominé l'Europe occidentale du début du XIe siècle jusqu'à la seconde moitié du XIIe siècle, marquant la transition entre l'art pré-roman et le gothique. Le terme "roman" a été choisi au XIXe siècle en référence à ses liens avec l'art de la Rome antique. Principalement un art religieux, le Roman se caractérise par un développement architectural considérable, notamment des églises et monastères. Ces édifices sont reconnaissables à leur monumentalité et rigueur, leurs murs épais, et l'usage fréquent de la voûte en berceau plein cintre ou de la voûte d'arêtes. La lumière, particulièrement dans le sanctuaire orienté vers l'Est, y est essentielle. Au-delà de l'architecture, l'art roman comprend une sculpture et une peinture significatives. La sculpture, souvent intégrée à l'architecture (tympanums, chapiteaux), est très symbolique et didactique, illustrant des thèmes religieux avec une iconographie riche sur le bien et le mal. La peinture murale et l'enluminure se distinguent par des formes stylisées. Né en Italie du Nord, l'art roman s'est répandu dans toute l'Europe, influencé par diverses cultures. Son essor fut étroitement lié au culte des reliques, aux pèlerinages (comme Saint-Jacques de Compostelle) et au développement des ordres monastiques qui ont contribué à sa diffusion et à une certaine uniformisation à travers le continent.

Différentes périodes Romanes

  • AN 1000 - 1070
  • Premier âge Roman ou Roman "primitif"

    L'architecture se caractérise par des formes encore massives, des murs épais, peu d'ouvertures, des cryptes importantes, l'usage de la voûte en berceau et de l'arc en plein cintre. Les décorations sont souvent plus sobres, et la sculpture monumentale commence à peine à émerger.

  • 1070 - 1150
  • Second âge Roman ou Roman "classique"

    On observe une plus grande maîtrise technique, des voûtements plus audacieux, un enrichissement de la sculpture monumentale (tympams, chapiteaux historiés, portails décorés) qui devient un élément narratif et didactique essentiel. Les édifices gagnent en hauteur et en complexité, tout en conservant leur aspect massif caractéristique.

Autel

Un autel est une structure sacrée, souvent une table ou une élévation, utilisée dans diverses religions pour des rituels. Son rôle principal est de servir de point focal pour les sacrifices rituels ou le dépôt d'offrandes aux divinités. Il symbolise également un lieu de communion privilégiée entre les humains et le sacré. Dans le christianisme, particulièrement catholique, l'autel est la table consacrée où le prêtre célèbre l'Eucharistie. Il représente le Christ, la Cène, et le renouvellement du sacrifice de la Croix. C'est le lieu le plus sacré de l'église. Le mot "autel" dérive du latin "altare", évoquant à la fois l'idée de hauteur et potentiellement de nourriture spirituelle. Au-delà de son sens religieux, le terme peut être employé figurativement pour désigner un objet ou une cause que l'on vénère au point de lui faire des sacrifices personnels.

Basilique

Une basilique est un titre distinctif conféré par le Pape à des églises catholiques particulières, reconnaissant leur importance historique, architecturale ou spirituelle exceptionnelle. Ce n'est donc pas seulement un style architectural, même si le terme tire ses origines des grandes salles publiques de la Rome antique. On distingue deux catégories principales : les basiliques majeures et les basiliques mineures. Les majeures sont au nombre de quatre, toutes situées à Rome et directement liées à la papauté. Les mineures, en revanche, se comptent par milliers à travers le monde et sont souvent des lieux de pèlerinage importants, des sanctuaires nationaux ou des édifices de grande valeur artistique et historique. Le statut de basilique confère des privilèges liturgiques spécifiques, comme la célébration de certaines fêtes solennelles et l'usage de symboles papaux. Il représente également un lien privilégié avec le Saint-Siège, soulignant le rôle de l'église en tant que centre de dévotion ou d'enseignement. Ces édifices sont souvent des trésors culturels et architecturaux, attirant visiteurs et fidèles du monde entier.

Bas-relief

Un bas-relief est une technique de sculpture où les figures sont travaillées de manière à ne dépasser que très légèrement du fond sur lequel elles sont sculptées. Contrairement à la sculpture en ronde-bosse qui se détache complètement du support, le bas-relief maintient une connexion forte avec la surface plane, créant une impression de volume tout en restant relativement plat. La profondeur minime des éléments sculptés est compensée par des jeux subtils d'ombre et de lumière qui donnent l'illusion de la troisième dimension. Cette forme d'art est omniprésente dans l'histoire, des hiéroglyphes égyptiens aux frises grecques et romaines, en passant par les décorations médiévales et de la Renaissance. Qu'il soit réalisé en pierre, en bronze ou en bois, le bas-relief sert souvent à raconter des récits, à glorifier des événements ou des personnages, ou simplement à embellir des édifices. C'est une méthode qui combine les principes du dessin et de la sculpture, offrant une perspective unique et un impact visuel qui dépendent grandement de l'éclairage ambiant pour révéler toute leur richesse.

Bénitier

Un bénitier est un meuble sacré, le plus souvent une vasque en pierre, en métal ou en céramique, qui contient de l'eau bénite. On le trouve principalement dans les églises catholiques, généralement placé à l'entrée. C'est un point de passage rituel pour les fidèles qui, en entrant ou en sortant, y trempent leurs doigts pour faire le signe de croix. Ce geste simple mais profond a plusieurs significations. Principalement, le bénitier et l'eau qu'il contient symbolisent la purification et le pardon des péchés véniels. En se signant, les croyants rappellent également leur baptême, réaffirmant ainsi leur entrée dans la communauté chrétienne et leur engagement envers la foi. C'est un acte de piété et de dévotion qui les place sous la protection divine et les prépare à la prière ou, en quittant l'église, à retourner dans le monde avec les grâces reçues. Historiquement, l'usage de l'eau bénite remonte aux débuts du christianisme, s'inspirant de traditions de purification antérieures. Les bénitiers varient en taille et en style, allant des imposantes vasques sur pied aux petits récipients muraux, mais leur fonction spirituelle reste la même.

Biens nationaux

Les biens nationaux désignent les propriétés mobilières et immobilières confisquées par l'État français durant la Révolution, principalement entre 1789 et 1793. Initialement, il s'agissait des vastes possessions du clergé (abbayes, terres, édifices religieux), nationalisées pour résoudre la crise financière du royaume. Par la suite, les biens des émigrés et des condamnés pour des motifs politiques furent également saisis. Ces biens furent mis en vente aux enchères publiques, souvent par petits lots pour en faciliter l'acquisition. Cette vente massive visait à renflouer les caisses de l'État et à garantir la Révolution en créant une nouvelle catégorie de propriétaires, désireux de défendre le régime qui avait légitimé leurs acquisitions. Elle a eu des conséquences économiques et sociales majeures, modifiant profondément la répartition de la propriété foncière en France.

Boulin et trou de boulin

Un boulin est une pièce de bois essentielle pour les échafaudages, traditionnellement insérée horizontalement dans la maçonnerie pour créer une structure de support temporaire. Imaginez-la comme une poutre courte et robuste, sur laquelle reposent les planchers ou les plateformes où les ouvriers se tiennent pour bâtir ou restaurer. Ces boulins sont le squelette invisible qui permet aux maçons d'atteindre les hauteurs nécessaires à leur travail. Lorsque l'échafaudage est en place, les boulins sont fermement ancrés dans le mur. Et une fois les travaux terminés et la structure démontée, ils laissent derrière eux des ouvertures caractéristiques : les trous de boulin. Ces cavités, souvent visibles sur les façades des bâtiments anciens, sont les témoins silencieux des chantiers passés. Parfois rebouchés pour des raisons esthétiques ou structurelles, ils peuvent aussi être laissés apparents, ajoutant une touche d'histoire et de caractère à l'édifice. Le terme "boulin" est d'ailleurs polysémique et désignait autrefois les trous de nichoirs dans les colombiers, ce qui illustre bien la notion d'un logement temporaire creusé dans une paroi.

Bubons (croix à bubons)

Une croix à bubons, ou croix de peste, est un monument de pierre érigé principalement en Europe occidentale, témoin silencieux des ravages des grandes épidémies de peste, notamment du XIVe au XVIIe siècle. Ces croix se distinguent par leurs ornements spécifiques : des excroissances sphériques ou hémisphériques, sculptées sur le fût, les bras ou le socle. Ces formes évocatrices représentent les bubons, les tuméfactions ganglionnaires douloureuses, symptômes caractéristiques de la peste bubonique. Leur fonction était multiple : commémorer les victimes du fléau, exprimer la gratitude des survivants ou des communautés, ou invoquer une protection divine contre la maladie. Au-delà de leur symbolisme macabre, ces croix sont des vestiges historiques poignants, illustrant la manière dont les sociétés affrontaient ces épidémies dévastatrices, mêlant la foi religieuse à une tentative de conjuration de la maladie par des symboles tangibles. Elles rappellent la peur omniprésente de la peste et l'importance de la religion comme recours face à l'inconnu et à la mort de masse.

Cadran canonial

Un cadran canonial est un type ancien de cadran solaire, principalement utilisé du VIIe au XIVe siècle sur les édifices religieux comme les églises ou les monastères. Gravé le plus souvent sur les façades sud, il se présente généralement comme un demi-cercle divisé par des lignes rayonnantes. Au centre, un petit trou accueillait un style (une tige, souvent disparue) dont l'ombre indiquait l'heure. Son rôle était crucial pour rythmer la vie monastique et cléricale, car il servait à marquer les heures canoniales, c'est-à-dire les moments précis de la journée dédiés aux offices religieux (Laudes, Prime, Tierce, Sexte, None, Vêpres, Complies). Contrairement à nos cadrans modernes, il indiquait des "heures inégales" qui variaient avec les saisons, adaptées aux besoins liturgiques de l'époque. Ces cadrans, bien que d'apparence simple, étaient essentiels avant l'avènement des horloges mécaniques et témoignent aujourd'hui de l'organisation du temps au Moyen Âge.

Cairn

Un cairn est un amas de pierres artificiel, érigé par l'homme, dont l'aspect et la fonction varient grandement selon les cultures et les époques. Historiquement, ces monticules servaient souvent de repères essentiels pour les voyageurs, jalonnant les sentiers en montagne ou marquant des passages difficiles, surtout là où les autres formes de balisage étaient impossibles. Ils pouvaient également désigner des sépultures antiques, agissant alors comme des monuments funéraires ou des sites commémoratifs, témoignant d'événements passés ou honorant la mémoire de défunts. Aujourd'hui encore, leur rôle de balise pour les randonneurs persiste, guidant les pas sur des sentiers escarpés ou au travers de paysages brumeux. Cependant, les cairns peuvent aussi être édifiés pour des raisons purement symboliques ou esthétiques, comme une forme d'art éphémère ou simplement pour marquer le passage d'une personne dans un lieu donné.

Cariatide

Une cariatide est une statue féminine sculptée qui remplace une colonne ou un pilier porteur en architecture. Plutôt qu'un support architectural simple, elle prend la forme élégante d'une figure humaine. Historiquement, les cariatides sont emblématiques de l'architecture grecque antique, un art qui a profondément influencé le patrimoine français. Bien que leurs exemples les plus célèbres se trouvent en Grèce (comme celles de l'Érechthéion à Athènes). On les retrouve dans divers styles architecturaux, des édifices néoclassiques aux châteaux plus anciens, souvent dans des loggias, des cheminées ou des façades. Elles symbolisent la force et la beauté, apportant une dimension artistique et narrative à la structure qu'elles soutiennent. En France, les cariatides témoignent de l'intérêt constant pour l'Antiquité et de la richesse de son patrimoine architectural, où l'utile et le beau se rencontrent pour créer des œuvres d'art durables.

Cathédrale

Une cathédrale est bien plus qu'une simple grande église ; c'est le cœur d'un diocèse, l'endroit où l'évêque, le chef spirituel de cette circonscription ecclésiastique, a sa cathèdre, c'est-à-dire son trône ou sa chaire. Ce siège épiscopal est le symbole même de son autorité et de sa mission. Historiquement et architecturalement, les cathédrales sont souvent des chefs-d'œuvre, témoignant de siècles de savoir-faire et d'innovation. Elles sont construites pour impressionner, avec leurs flèches élancées, leurs vitraux colorés et leurs voûtes majestueuses, symboles de la grandeur divine et de la foi des communautés qui les ont édifiées. Au-delà de leur rôle liturgique, les cathédrales sont de véritables monuments vivants. Elles ont été, et sont toujours, des centres de pèlerinage, des lieux de rassemblement pour les grandes célébrations, des sanctuaires abritant parfois les reliques de saints, et même des nécropoles pour d'illustres figures religieuses ou laïques. Leur présence ancre souvent une ville dans son histoire, et elles continuent d'être des phares culturels et spirituels, attirant des millions de visiteurs du monde entier qui viennent admirer leur beauté et ressentir leur atmosphère unique.

Céphalophorie et céphalophore

Un céphalophore est un terme qui évoque immédiatement l'image saisissante d'un saint ou d'un martyr chrétien tenant sa propre tête coupée. Cette représentation, dont le nom vient du grec signifiant "qui porte sa tête", est une puissante allégorie du sacrifice et de la foi inébranlable face à la mort par décapitation. Bien que le plus célèbre d'entre eux soit Saint Denis de Paris, dont la légende raconte qu'il aurait marché jusqu'à l'actuelle basilique Saint-Denis en portant sa tête, la Normandie compte également des figures importantes associées à ce type d'iconographie. Par exemple, Saint Nicaise, archevêque de Reims, dont le culte s'est étendu jusqu'en Normandie, est parfois représenté comme un céphalophore, symbolisant le même courage face au martyre. Ces images, souvent retrouvées dans l'art religieux de la région, servaient à inspirer la dévotion et à rappeler la force de l'esprit malgré la souffrance physique. Elles sont un témoignage visuel percutant de la persévérance spirituelle, profondément ancrée dans l'imaginaire chrétien et l'histoire de la foi en France, y compris dans le riche patrimoine normand.

Chaire

Dans une église, la chaire est une structure élevée et souvent ornée, principalement conçue pour la proclamation de la Parole de Dieu et la prononciation des sermons. Jadis le point central de la prédication, elle permettait au prédicateur, qu'il soit prêtre ou pasteur, de dominer l'assemblée afin d'être vu et surtout entendu par tous les fidèles, bien avant l'ère des systèmes de sonorisation. Historiquement, bien que le terme "chaire" dérive du siège épiscopal (la cathèdre), elle est devenue au fil des siècles le lieu privilégié de l'enseignement religieux, supplantant parfois l'ambon pour cette fonction. Elle se compose généralement d'une cuve où se tient l'orateur, surmontée d'un abat-voix, un dais acoustique destiné à projeter la voix vers l'auditoire. Souvent richement décorée de sculptures et de motifs religieux, la chaire symbolise l'autorité de l'Église dans la transmission de la vérité divine. Bien que son usage ait évolué dans certaines confessions, notamment après le Concile Vatican II pour l'Église catholique qui privilégie désormais l'ambon pour la lecture des Écritures, elle demeure un élément patrimonial et symbolique fort dans de nombreuses églises, témoignant de l'importance historique de la Parole prêchée.

Chambre sépulcrale ou sépulcre

Une chambre sépulcrale est un espace, une pièce ou une cavité, spécifiquement aménagé pour accueillir un ou plusieurs sépulcres, c'est-à-dire des tombeaux, des sarcophages ou des urnes funéraires. C'est le cœur même d'une sépulture, le lieu intime où reposent les dépouilles des défunts. Historiquement, ces chambres ont pris des formes très variées. Dans l'Égypte ancienne, les hypogées étaient des chambres sépulcrales souterraines, souvent richement décorées de fresques. Les Romains utilisaient des chambres appelées columbariums pour abriter des niches contenant les urnes cinéraires. On retrouve également des chambres sépulcrales dans les vastes mausolées et les caveaux familiaux que l'on voit encore aujourd'hui dans de nombreux cimetières. Ces espaces sont conçus pour la conservation et le recueillement, reflétant les croyances et les rituels funéraires des civilisations. L'architecture et l'ornementation d'une chambre sépulcrale renseignent souvent sur le statut social du défunt et les coutumes de son époque.

Chanoine

Un chanoine est un prêtre du clergé séculier, c'est-à-dire qu'il ne vit pas sous une règle monastique mais au sein de la société. Il est spécifiquement attaché à une cathédrale ou à une collégiale, des églises importantes pour le diocèse. Son rôle principal est double : liturgique et de conseil. Sur le plan liturgique, les chanoines sont chargés d'assurer la dignité et la régularité des offices divins dans ces édifices, souvent en chantant les prières quotidiennes. Ils forment un chapitre, une assemblée qui, historiquement, assistait l'évêque dans ses fonctions consultatives et administratives, notamment la gestion des biens de l'église et des affaires diocésaines. Aujourd'hui, même si leur influence politique a diminué, les chanoines conservent un rôle honorifique et spirituel vital. Ils perpétuent les traditions des grandes célébrations diocésaines et peuvent toujours conseiller l'évêque. Des titres de chanoine sont également attribués à titre honorifique à des prêtres méritants, reconnaissant leur service exceptionnel à l'Église. En somme, le chanoine incarne un lien historique et sacré entre le clergé, la cathédrale et l'évêque, contribuant à la vie spirituelle et à la dignité du culte.

Chapelle

Une chapelle est un édifice religieux chrétien qui peut être indépendant ou intégré à un autre bâtiment. Elle peut servir de lieu de culte secondaire dans une paroisse ou faire partie d'un ensemble plus vaste (château, hôpital, école, cimetière, etc.). Fréquemment, les chapelles sont des chapelles latérales situées le long des bas-côtés d'une église. Le droit canonique assimile les chapelles et les oratoires, définissant la chapelle privée comme un lieu de culte destiné à l'usage d'une ou plusieurs personnes, nécessitant une autorisation épiscopale pour la messe, sauf pour les évêques. Certaines chapelles peuvent même être considérées comme des églises selon le droit canonique. Au sein des grandes églises (cathédrales, basiliques), la chapelle est une subdivision où se déroulent des cérémonies distinctes. Elle possède souvent son propre autel secondaire, reflétant la multiplication des messes privées et des dévotions au fil du temps. Une chapelle peut être dédiée à un saint différent de celui de l'église principale ; par exemple, la chapelle axiale des églises non dédiées à la Vierge Marie lui est souvent consacrée. On trouve également des chapelles latérales communicantes ou non, et des chapelles absidiales s'ouvrant sur l'abside.

Chapiteau

En architecture, le chapiteau est la partie supérieure d'une colonne, d'un pilier ou d'un pilastre, essentielle tant pour sa fonction structurelle que pour son rôle décoratif. Il agit comme une transition visuelle et mécanique entre le fût du support et la charge qu'il doit soutenir, comme une poutre ou une arche. Sa conception permet de répartir efficacement le poids, assurant ainsi la stabilité de l'ensemble de l'édifice. Historiquement, le chapiteau est un indicateur clé des différents styles architecturaux. Dans l'Antiquité, les Grecs ont développé des formes distinctes : le dorique, simple et sobre ; l'ionique, caractérisé par ses élégantes volutes ; et le corinthien, le plus orné, reconnaissable à ses feuilles d'acanthe finement sculptées. Plus tard, les Romains ont introduit le toscan, une version simplifiée du dorique, et le composite, mélangeant les volutes ioniques et les feuilles corinthiennes. Au-delà de ces ordres classiques, les époques romane et gothique ont vu l'émergence d'une diversité incroyable de chapiteaux, souvent décorés de motifs végétaux, animaux ou de scènes narratives, témoignant de l'ingéniosité artistique des bâtisseurs. Le chapiteau n'est donc pas qu'un simple support ; c'est une véritable œuvre d'art qui raconte l'histoire et le style d'une construction.

Chevet

En architecture religieuse, le chevet (du latin capitium, ouverture supérieure de la tunique pour passer la tête, mot dérivé de caput, « tête » qui évoque la présence du maître-autel dans le chœur) désigne généralement l’extrémité du chœur d’une église derrière le maître-autel et le sanctuaire de l’église, parce que, dans les édifices au plan en croix latine, le chevet correspond à la partie de la croix sur laquelle le Christ crucifié posa sa tête. C’est l’extrémité de l’église, vue par un observateur placé dans l’axe longitudinal, du côté du maître-autel. Il comprend l’ensemble des murs, fenêtres et toiture du chœur, du déambulatoire s’il y en a un et, éventuellement, de la ou des chapelles, rayonnantes avec absidioles, ou échelonnées.

Chœur

Le chœur est la partie de l’église réservée au clergé, quelquefois appelée chœur liturgique ou chœur des chantres. Il peut comprendre le sanctuaire où se déroule le cérémonial liturgique autour du maître-autel ou de l’autel, lieux les plus importants de l’église.

Clef ou clé de voûte

Une clef de voûte ou clé de voûte, est une pierre qui, en architecture, permet de faire tenir une voûte et placée dans l’axe de symétrie d’un arc ou d’une voûte pour bloquer les claveaux ou voussoirs. Par métaphore, et d’une manière générale, le terme « clef de voûte » (ou « clé de voûte ») s’utilise aussi pour se référer à tout élément qui permet de maintenir la cohésion des multiples éléments l’entourant et ce, par sa seule présence, ses seules caractéristiques intrinsèques. Une clé pendante est un ornement de clé de voûte qui descend au-dessous de sa douelle. Elle apparaît dans l’architecture gothique.

Clocher en bâtière

Un clocher en bâtière a un toit « simple », à deux pentes pas très inclinées. C’est une forme adoptée le plus souvent pour des églises rurales, mais aussi de nombreuses églises modernes (XXe siècle). La plus grande concentration de clochers en bâtière de France se trouve dans la région historique de Basse-Normandie, dont plus de 340 exemples dans 325 communes se trouvent dans le seul département de la Manche, alors que la Haute-Normandie en est presque totalement dépourvue.

Clocher-mur

Un clocher-mur est un élément architectural, vertical et plat, placé en haut ou à l’avant d’un édifice (église le plus souvent) pour recevoir des cloches. Il s’agit d’un mur unique percé d’une ou plusieurs baies destinées à accueillir une ou des cloches. Les cloches peuvent être protégées par un auvent en charpente, jamais en maçonnerie. Il existe d’autres noms pour le même type de construction : « clocher-arcade », « clocher-peigne » moins utilisés en Normandie.

Clocher Tors

Un clocher tors ou clocher flammé est un clocher dont la flèche est spiralée, souvent couverte d'ardoise. La torsion peut avoir deux origines : Volontaire : certains clochers ont été construits tors, pour réaliser une prouesse architecturale. Accidentelle : d'autres clochers sont devenus tors au cours du temps. Certains architectes comme Viollet-le-Duc pensent que certains clochers sont devenus hélicoïdaux à la suite d'un mauvais séchage du bois. Il est en effet prouvé que la charpente de certains clochers en vieillissant a bougé. Le poids de la couverture, quand il est trop élevé, peut aussi éventuellement faire ployer la base de la structure, provoquant un affaissement de la charpente et la vrille du clocher.

Cloître

Un cloître est une cour intérieure, généralement carrée, entourée de galeries couvertes. Ses galeries s'ouvrent sur la cour par des arcades ou colonnades, adossées aux bâtiments monastiques comme l'église ou le réfectoire. Sa construction vise à protéger et organiser la vie des moines. Son rôle est multiple : il sert de lieu de méditation et de prière, de chemin de circulation abrité entre les différentes fonctions du monastère, et d'espace d'étude. Le cloître symbolise la clôture monastique, la sérénité et l'ordre divin, offrant un havre de paix propice à la contemplation et à la vie communautaire sous la règle.

Collatéral ou bas-côté

Le collatéral ou bas-côté, est en architecture et spécifiquement dans le domaine de l’architecture chrétienne, un vaisseau latéral de la nef d’une basilique, ou d’un édifice à plan basilical, de part et d’autre du vaisseau central. Il peut exister plusieurs collatéraux d’un même côté : on les compte alors à partir du vaisseau central (premier, deuxième collatéral, etc.). Le terme « collatéral » a supplanté l’appellation « bas-côté », plus courante jadis, en apportant quelques nuances. Généralement moins élevés que la nef principale, les collatéraux peuvent néanmoins comporter deux étages : la partie inférieure est alors appelée « bas-côté », et la galerie haute, « tribune ». Le rôle des collatéraux est de fournir un espace supplémentaire à l’édifice, limité en largeur par la portée des voûtes, et de contrebuter la poussée de celles-ci.

Collégiale

Une collégiale (raccourci pour église collégiale) est une église qui possède un chapitre de chanoines composé d’un nombre fixe de clercs séculiers. Tous les chanoines possèdent un siège dans le chœur de l’église afin de s’y réunir et d’y chanter ou réciter l’office divin, une maison canoniale, un revenu et des fonctions précises. Comme une cathédrale, une collégiale est une église capitulaire : c’est-à-dire qu’elle possède un chapitre de chanoines. À ce collège de prêtres il incombe de chanter quotidiennement l’office divin et d’accomplir les fonctions liturgiques plus solennelles dans l’église. Une église collégiale est une église paroissiale d’une certaine importance dotée de fonctions et d’œuvres pieuses ou charitables particulières qui s’étendent sur d’autres paroisses, comme l’instruction des enfants, le secours des pauvres, etc. Chacun des chanoines formant un chapitre a été créé, et financièrement doté, comme des œuvres pieuses ou charitables, par une donation, en général testamentaire, d’un seigneur ou d’un riche bourgeois en réparation de ses fautes commises dans la perspective du salut de leurs âmes. La collégiale ainsi fondée devient également leur lieu de sépulture (souvent une crypte sous le sanctuaire), et mausolée familial.

Colombier ou pigeonnier

Un colombier était à l’époque féodale un édifice destiné à loger et à élever des pigeons. Le colombier est nommé plus souvent pigeonnier depuis le XVIIIe siècle mais le terme de colombier peut dans une acception plus étroite désigner un pigeonnier en forme de tour, généralement indépendant des autres bâtiments. Un colombier est utilisé pour l’élevage de pigeons pour leur consommation ou pour élever des pigeons voyageurs. Le pigeonneau était surtout consommé au moyen-âge, la viande étant alors un mets rare et coûteux. Les fientes des pigeons, la colombine, fournissaient additionnellement une source d’engrais de bonne qualité pour les cultures. L’intérieur du colombier, espace imparti aux pigeons, est divisé en nichoirs appelés boulins. Chaque boulin est le logement d’un couple de pigeons. Signe extérieur de richesse (le nombre de boulins étant proportionnel à la surface des terres exploitées), certains propriétaires rajoutaient de faux boulins pour faire croire qu’ils avaient beaucoup de terre afin de mieux marier leurs enfants, peut-être à l’origine de l’expression « se faire pigeonner ».

Commende ou régime de la commende

Le régime de la commende était un système ecclésiastique où l'administration d'une abbaye ou d'un prieuré était confiée à un "abbé commendataire". Cet abbé, souvent un laïc ou un ecclésiastique séculier désigné par le roi (notamment après le Concordat de Bologne en France), avait pour principal rôle de percevoir les revenus de l'institution. Il ne résidait généralement pas sur place et n'intervenait pas dans la vie religieuse de la communauté. Ce système a souvent conduit au déclin, à l'appauvrissement et à la perte de discipline des monastères, transformant les abbayes en sources de revenus pour la royauté et la noblesse, jusqu'à sa suppression à la Révolution française.

Concile de Trente

Le Concile de Trente, tenu de 1545 à 1563 en Italie, fut une réponse cruciale de l'Église catholique face à la Réforme protestante. Convoqué par le pape Paul III, il visait à clarifier la doctrine catholique en réaffirmant ses principes fondamentaux, notamment la nature des sacrements et la coopération humaine pour le salut. Parallèlement, le Concile s'est attaché à réformer la discipline ecclésiastique, en luttant contre les abus et en instaurant une meilleure formation du clergé via les séminaires. Bien qu'il n'ait pas réussi à réconcilier catholiques et protestants, ce concile a marqué le début de la Contre-Réforme. Il a profondément influencé l'Église pour les siècles à venir, notamment en conduisant à la suppression de nombreux jubés, afin d'améliorer la visibilité de l'autel pour les fidèles.

Corps de logis

Un corps de logis, appelé aussi corps principal, est un terme utilisé en général en architecture pour désigner le bâtiment principal ou central d’un édifice imposant traditionnel. Dans la tradition de l’architecture de la demeure, le logis est la partie des bâtiments comportant les appartements des propriétaires. Ces appartements sont des espaces privés composés des pièces où chaque personne d’importance se retire de la société. Le corps de logis dans les demeures importantes contient tous les appartements conçus et les salles les plus importantes qui sont aussi des salles à manger, salons, chambres. Les salles les plus élégantes dans le bâtiment sont souvent au premier étage (l’étage noble des châteaux, manoirs ou palais). La façade de ce corps de bâtiment est la façade principale puisque cette partie de l’édifice comporte l’entrée principale. Elle est fréquemment traitée avec soin puisque donnant l’apparat.

Couvent

Un couvent est un établissement religieux, généralement chrétien, où des clercs mènent une vie religieuse en communauté. Le couvent n'a pas de vocation monastique, il est donc plus ouvert sur le monde que le monastère. Il est généralement situé en ville. Le terme de couvent est préféré à celui de monastère :

  • pour l'ensemble des lieux de vie d'une communauté religieuse non monastique, composée de clercs réguliers ou de religieuses ;
  • pour les ordres mendiants, lorsque l'établissement n'a pas de clôture religieuse.

Contrairement à l'abbaye, le couvent n'est pas placé sous la responsabilité d'un abbé ou d'une abbesse, mais d'un(e) supérieur(e).

Croisée d’ogives

La croisée d’ogives est un facteur déterminant de l’essor de l’architecture gothique. Les voûtes romanes sont massives et très lourdes, elles nécessitent des murs d’appui épais, le plus souvent renforcés par des contreforts accolés de place en place. Développée à partir de la fin du XIe siècle, la croisée d’ogives constitue une structure d’arcs de pierre se rejoignant sur une clef (clef ou clé de voûte) au centre des diagonales d’une travée carrée, barlongue ou d’un hexagone puis couvert par un remplissage de voutains légers posés sur les nervures. Cette technique permet de reporter le poids et les poussées de la voûte aux pieds des arcs sur des sommiers contrebutés par des arcs-boutants. Cette innovation donne la liberté d’utiliser l’espace entre les arcs pour y installer de larges baies et créer une architecture de lumière et d’élan vers le ciel.

Crucifix

Le crucifix est un symbole chrétien rappelant la Crucifixion, c’est-à-dire le crucifiement de Jésus-Christ, mort attaché sur une croix. Un crucifix a pour l’essentiel la forme d’une croix latine, dont la barre verticale est allongée vers le bas et courte vers le haut, et pouvant porter dans cette partie supérieure le sigle INRI, acronyme de Jésus de Nazareth, Roi des Juifs. Une statuette ou image de Jésus est fixée à la croix, montrant les clous dans ses mains et ses pieds et une blessure dans son côté gauche, en référence aux récits de la Passion.

Crypte

Une crypte est un des éléments constitutifs des églises chrétiennes depuis le style carolingien. Construit, enterré ou non, sous l’église supérieure, il s’agit d’un caveau de l’église inférieure (ou église basse) servant généralement de sépulcre. Les premières cryptes ou grottes sacrées ont été taillées dans le roc ou maçonnées sous le sol, pour cacher aux yeux des profanes les tombeaux des martyrs ; plus tard, on éleva des chapelles et de vastes églises ; puis on établit des cryptes sous les édifices destinés au culte pour y renfermer les corps des saints recueillis par la piété des fidèles. Beaucoup d’anciennes églises possèdent des cryptes qui remontent à une époque très reculée : les unes ne sont que des salles carrées, voûtées en berceau ou en arêtes, suivant la méthode antique, ornées parfois seulement de fragments de colonnes et de chapiteaux grossièrement imités de l’architecture romaine ; d’autres sont de véritables églises souterraines. On pénètre habituellement dans les cryptes par des escaliers qui débouchent des deux côtés du sanctuaire, ou même dans l’axe du chœur.

Cul-de-four

Un cul-de-four est une voûte en forme de quart de sphère, rappelant la forme du four à pain, utilisée dès l’Antiquité et jusqu’à la fin de la période romane pour couvrir les absides.

Dalle funéraire

Une dalle funéraire, appelée aussi dalle tumulaire, est une plaque, le plus souvent de pierre, posée au-dessus d’une sépulture, notamment dans le dallage d’une église ou sur un mur, et portant en général une épitaphe ou une effigie gravée.

Donjon

Le donjon est la tour la plus haute d’un château fort au Moyen Âge, destinée à servir à la fois de point d’observation, de poste de tir et de dernier refuge si le reste de la fortification vient à être prise par un ennemi. En dehors de son rôle spécifiquement militaire lors d’un siège, on y installe en général les appartements du seigneur et de sa famille, des réserves stratégiques de nourriture et d’armes ; le donjon sert également pour des prisonniers qu’on cherche à isoler particulièrement. Les châteaux sont prévus pour que, si la muraille extérieure est prise, les enceintes intérieures puissent encore être défendues. Le donjon est le dernier refuge dans ce cas, il est conçu pour être défendable même si tout le reste du château est déjà pris.

Ecce homo

Ecce homo est une expression latine signifiant « voici l’homme ». Il s’agit de l’expression prêtée à Ponce Pilate, gouverneur romain de Judée, dans la traduction de la Vulgate de l’Évangile selon Saint-Jean lorsqu’à Jérusalem, il présente à la foule Jésus de Nazareth sortant du prétoire, après la flagellation. Un Ecce Homo sur le plan artistique est une représentation de Jésus de Nazareth debout, couronné d’épines et revêtu d’une cape, les deux mains entravées par une corde et tenant un sceptre de roseau. Cette représentation peut comporter des variantes selon les œuvres. Il peut être représenté sous forme de peintures, gravures ou sculptures.

Engoulant ou rageur

Un engoulant ou rageur est en architecture une extrémité sculptée en forme de gueule. Il s’agit d’une tête d’animal réel ou imaginaire sculptée sur les poutres de charpente au niveau de la sablière, de l’entrait ou des poinçons mais aussi des colonnes ou des gouttières. Souvent, les engoulants représentent des têtes de dragons mais il peut s’agir de crocodiles, serpents, goules ou autres bestiaires représentant le mal. Ils symboliseraient l’entrée du Léviathan dont la bouche doit être bouchée par un bout de l’édifice. Souvent utilisés en architecture chrétienne romane, ils ornent aussi encadrement de porte ou fenêtres ainsi que les poutres des maisons et châteaux.

Épitaphe

Une épitaphe est une inscription funéraire, placée sur une pierre tombale ou un monument funéraire. Cela peut être un objet donné à une civilisation comme signe de paix. Dans la Grèce antique, l’épitaphe est un genre littéraire : c’est un éloge funèbre ancien. En littérature française, l’épitaphe est aussi un genre littéraire rimé : c’est surtout ce que l’on aimerait inscrire sur la pierre tombale de quelqu’un que l’on admire, ou, au contraire, que l’on n’apprécie guère. Supposée être inscrite sur le tombeau lui-même, une épitaphe peut commencer par ci-gît ou par la formule plus moderne ici repose ou par leur pluriel ci-gisent et ici reposent.

Ex-voto

Un ex-voto est une offrande faite à un dieu en demande d’une grâce ou en remerciement d’une grâce obtenue à l’issue d’un vœu formulé en ce sens. Ces objets peuvent prendre de multiples formes et être réalisés dans de nombreux matériaux différents : dans la religion chrétienne, il s’agit principalement de crucifix, de tableaux, de petites inscriptions sur plaques de marbre, mais aussi, selon les régions et les sujets des prières, des objets en lien avec la grâce accordée : maquettes de bateaux, t-shirts de sportifs, volants d’automobiles, médailles militaires, etc...

Fonts baptismaux

Dans le catholicisme, les fonts baptismaux servent typiquement aux baptêmes par aspersion. Les fonts les plus simples ont un pilier avec un support pour un bassin d’eau. Les matériaux taillés et sculptés varient considérablement, allant de la pierre au marbre, au métal ou au bois. Le plus souvent les fonts baptismaux sont situés dans l’angle nord-ouest de l’église, soit à gauche en entrant ce qui métaphorise la sortie par le baptême de l’ombre humide à la chaude lumière. La forme peut varier. Beaucoup de fonts baptismaux ont huit côtés pour rappeler la nouvelle création. L’octogone est intermédiaire entre le rond naturel et le carré culturel. Certains fonts ont trois côtés pour rappeler la Sainte Trinité : Père, Fils et Esprit Saint. Ils sont parfois placés devant la nef de l’église pour rappeler aux fidèles leur baptême, qui représente leur entrée dans l’Église. Dans plusieurs églises du Moyen Âge et de la Renaissance, une chapelle spéciale ou même un bâtiment dédié, dit « baptistère », abritait les fonts baptismaux.

Four à chaux

Le four à chaux est une catégorie de four dans lequel on transforme le calcaire en chaux par calcination et accessoirement où l’on cuit la céramique. La fabrication de la chaux constitue l’art du chaufournier. Les fours à chaux étaient d’imposants fours, de forme cylindrique et avaient une large paroi intérieure le plus souvent revêtue de briques. Grâce à la pierre calcaire qui était réduite en petits morceaux, on pouvait réaliser de la chaux. Le four était alimenté par son ouverture située en haut dont une rampe permettait le plus souvent l’accès. Les chaufourniers alternaient les lits de pierre et de charbon pour le remplir au maximum, et du bois était apporté au pied du bâtiment pour assurer la mise à feu. Le chaufournier devait alors toujours maintenir une température entre 800 °C et 1 000 °C tout en gardant le four rempli au maximum en le réapprovisionnant en pierre calcaire et devait également entretenir le feu. Une fois la cuisson faite, la chaux était récupérée grâce à une ouverture basse du four. La chaux vive était alors éteinte dans une fosse adjacente à l’aide d’une grande quantité d’eau, le plus souvent à l’aide de canalisations provenant d’une rivière voisine. La chaux éteinte était par la suite placée dans des barils avant d’être utilisée en maçonnerie mais également pour l’amélioration des sols en agriculture.

Gargouille

Une gargouille est, dans le domaine de l’architecture, une partie saillante d’une gouttière destinée à faire écouler les eaux de pluie à une certaine distance des murs. Ce type d’ouvrage sculpté, généralement en pierre, est souvent orné d’une figure animale ou humaine typique de l’art grotesque roman puis surtout gothique. Elles désignent toute figure sculptée évacuant de l’eau et représentant le plus souvent un animal monstrueux. Elles sont ainsi présentes dans les temples grecs, les mascarons de fontaines. Il faut différencier les gargouilles des chimères, qui elles n’ont pas de fonction de dégorgement.

Gaule Romaine

La Gaule romaine désigne à la fois un lieu donné et une époque précise de l’histoire. Géographiquement, la Gaule romaine recouvre la France actuelle et une grande partie des Belgique et Suisse actuelles. La principale ville était Lugdunum (aujourd’hui Lyon). La période couverte va de la conquête de la Gaule par Jules César (-52) à la bataille de Soissons (486) qui marque l’avènement de la dynastie mérovingienne.

Gisant

Un gisant est une sculpture funéraire de l’art chrétien représentant un personnage couché, généralement à plat-dos, vivant ou mort dans une attitude de repos, béate ou souriante. C’est, lorsqu’il existe, l’élément principal de décoration d’un tombeau. Les tombeaux à gisant peuvent être au ras du sol comme la plupart des pierres tombales mais ils sont le plus souvent sur un socle ou soubassement.

Graffitis d’église ou de poussière sacrée

Des graffitis réalisés par des pèlerins sont également bien visibles au bas des murs des églises Normandes. Aux XIe et XIIe siècle, il était fréquent que le tâcheron, l’ouvrier, le tailleur de pierre laissent une marque de leurs passages. Depuis des croix, cadrans, raclements, rainures, motifs d’animaux sont venus remplacer ses premières marques. Pour la plupart très anciens, on trouve également plusieurs dates gravées notamment des XVIIe et XVIIIe siècles. Malgré leurs aspects fort différents, deux raisons sont évoquées : la première, extraire un matériau d’un lieu sacré, la poudre ainsi prélevée est porteuse des mêmes vertus que le lieu saint. En ces temps où la médecine n’en est qu’à ses balbutiements, les hommes pouvaient diluer dans une eau de boisson cette poussière de pierre sacrée afin de soigner toutes sortes de maladies. Cette hypothèse n’est pas validée à ce jour. La seconde, que l’on retrouve dans d’autres églises de Normandie (notamment des graffitis de bateaux) permettait de graver dans la pierre sa reconnaissance pour une grâce ou une guérison obtenue.

Grange aux dîmes

Une grange aux dîmes ou grange dîmière est un bâtiment permettant d’entreposer le résultat de la collecte de la dîme, un impôt en faveur de l’Église catholique (l’évêque était chargé d’en répartir le produit entre les prêtres, l’entretien des lieux de culte, lui-même et les pauvres) portant principalement sur les revenus agricoles collectés. Bien que cet impôt puisse être versé aussi en argent, il est souvent perçu en nature. Instaurée sous Charlemagne, la dîme imposait aux fidèles de donner 1/10e de leurs biens à l’Eglise, au seigneur du fief ou aux abbayes. Les dîmes les plus importantes étaient payées en nature sur les récoltes (blé, seigle, avoine, orge) Les menues dîmes se prélevaient sur les graines, produits du sol (pois, vesce…) qui ne constituaient pas la culture principale. Les dîmes vertes comprenaient les légumes, les herbes, les racines, les fèves… Les grains ainsi prélevés pour cet impôt étaient entreposés dans la grange aux dîmes du village. Le prieur récoltait la dîme ce qui lui permettait d’entretenir son église, exercer le culte et aider les plus pauvres. Ces édifices sont caractéristiques par leur surface importante et par leur plan rectangulaire, avec un très haut toit retombant près du sol. Les murs sont massifs et souvent équipés de contreforts pour soutenir la pression des stocks entreposés à l’intérieur.

Guerre de Cent Ans (1337-1453)

La guerre de Cent Ans est un conflit entrecoupé de trêves plus ou moins longues, opposant, de 1337 à 1453, la dynastie des Plantagenêt à celle des Valois et, à travers elles, le royaume d’Angleterre et celui de France. La Normandie joue un rôle important durant la guerre de Cent Ans. Si elle n’est pas à l’origine du conflit, elle devient rapidement un enjeu entre le roi d’Angleterre et le roi de France. La richesse de la Normandie, son passé commun avec les Anglais (avant 1204, le duché de Normandie et le royaume d’Angleterre avaient le même maître) et sa proximité géographique avec l’île expliquent cette situation particulière. Deux périodes se dégagent dans cette guerre : dans un premier temps, l’intervention des Anglais est épisodique puisqu’ils se contentent de lancer des chevauchées destructrices à travers la région. Toutefois, un puissant seigneur normand, Charles le Mauvais, par son ralliement aux Anglais, allume une guerre civile qui oppose les Normands entre eux. Dans un second temps, la présence anglaise est beaucoup plus pesante puisqu’ils occupent la région pendant plus de trois décennies, entre 1417 et 1450. En 1420, le traité de Troyes fait du roi d’Angleterre l’héritier du royaume de France. La Normandie apparaît alors comme l’élément central de la France anglaise. Finalement, le roi de France Charles VII reconquiert la riche province et pardonne aux Normands qui ont collaboré avec l’ennemi. La Normandie retrouve la paix mais sort très affaiblie du conflit.

Guerres de Religion (1562-1598)

En France, on appelle guerres de Religion une série de huit conflits (guerres civiles, guerres de religion et opérations militaires) qui ont ravagé le royaume de France dans la seconde moitié du XVIe siècle et où se sont opposés catholiques et protestants (appelés aussi huguenots). À partir du XVIe siècle, un schisme provoqué par les idéaux de la Réforme conduit à une opposition entre protestants et catholiques sous la forme d’une sanglante guerre civile. Les premières persécutions contre ceux qui adhèrent aux idées nouvelles commencent dans les années 1520, mais il faut attendre les années 1540 et 1550 pour voir le développement des clivages. À la fin du règne de Henri II, le conflit se politise. Les guerres de Religion commencent en 1562 et se poursuivent, entrecoupées de périodes de paix, jusqu’en 1598, avec la promulgation de l’édit de Nantes. Les guerres de Religion trouvent un prolongement au XVIIe siècle (siège de La Rochelle, révocation de l’édit de Nantes) et au XVIIIe siècle (guerre des Camisards), jusqu’à l’arrêt des persécutions sous Louis XVI (édit de Versailles en 1787). Les guerres de religion, plus particulièrement les premières, eurent un caractère de sauvagerie atroce. Les protestants s’en prenaient aux monuments plus encore qu’aux hommes. Ils saccageaient les églises, profanaient les tombes, brisaient les crucifix, les statues; la plupart des mutilations qu’ont subies en Normandie les cathédrales et les abbayes datent des Guerres de religion.

Guillaume le Conquérant

Guillaume le Conquérant, né vers 1027 en Normandie, fut une figure majeure du XIe siècle, dont l'héritage a profondément marqué l'histoire de l'Angleterre et des relations anglo-françaises. Fils illégitime de Robert le Magnifique, duc de Normandie, sa jeunesse fut mouvementée, mais il parvint à consolider son autorité sur le duché, notamment après la victoire du Val-ès-Dunes en 1047. En 1050, Guillaume épousa Mathilde de Flandre, fille du comte Baudouin V. Cette union était stratégique car elle lui apportait l'alliance d'un puissant voisin. Le mariage fut initialement contesté par le pape pour cause de consanguinité, mais Guillaume obtint finalement la dispense en promettant de fonder deux abbayes à Caen : l'Abbaye aux Hommes (où il est enterré) et l'Abbaye aux Dames (où Mathilde fut inhumée). Ce mariage fut une réussite et le couple eut plusieurs enfants qui jouèrent tous un rôle dans la succession. Son fait d'armes le plus célèbre fut la conquête de l'Angleterre en 1066. Revendiquant le trône après la mort d'Édouard le Confesseur, s'appuyant sur une prétendue promesse et un serment d'Harold Godwinson, Guillaume débarqua avec son armée et remporta la bataille décisive d'Hastings le 14 octobre, où Harold fut tué. Couronné Guillaume 1er d'Angleterre le jour de Noël 1066 à l'abbaye de Westminster, il établit un puissant royaume anglo-normand. Son règne en Angleterre transforma radicalement le pays. Il remplaça l'aristocratie anglo-saxonne par ses fidèles normands et introduisit un système féodal plus structuré ainsi qu'une administration centralisée. L'impact sur la langue et la culture fut immense. La construction de châteaux fut une stratégie fondamentale pour Guillaume le Conquérant, d'abord en Normandie, puis de manière cruciale après la conquête de l'Angleterre. Avant 1066, des forteresses comme le château de Falaise et le château de Caen consolidaient son pouvoir ducal. En Angleterre, il érigea rapidement des centaines de châteaux de type motte castrale et basse-cour pour contrôler le territoire. Ces fortifications provisoires furent souvent remplacées par des structures en pierre plus imposantes, dont la célèbre Tour de Londres. Ces châteaux n'étaient pas seulement des défenses militaires ; ils servaient aussi de centres administratifs et de symboles intimidants de la domination Normande, remodelant durablement le paysage et l'autorité en Angleterre. Guillaume le Conquérant, mort à Rouen en 1087 est considéré comme l'un des monarques les plus importants de l'histoire Anglaise. Son règne jeta les bases d'une monarchie forte et modifia durablement l'identité de l'Angleterre, la liant étroitement au continent européen et initiant des siècles de relations complexes avec la France.

Les grandes dates de Guillaume le Conquérant

  • 1027-1028
  • Naissance

    À Falaise en Normandie

  • 1035
  • Devient Duc de Normandie

    À l'âge d'environ 8 ans, après la mort de son père Robert le Magnifique.

  • 1047
  • Victoire du Val-ès-Dunes

    Qui lui permet d'affirmer son autorité sur les barons rebelles de Normandie.

  • Vers 1050-1052
  • Mariage

    Avec Mathilde de Flandre. Fondation des abbayes aux Hommes et aux Dames à Caen.

  • 1051/1052
  • Le roi Édouard le Confesseur lui promet la couronne d'Angleterre

    Selon la tradition Normande.

  • 1064
  • Harold Godwinson (futur roi d'Angleterre) prête serment à Guillaume

    S'engageant, selon les Normands, à soutenir sa revendication au trône d'Angleterre.

  • 5 janvier 1066
  • Mort d'Édouard le Confesseur

    Harold Godwinson est couronné roi d'Angleterre.

  • 28 septembre 1066
  • Débarquement de Guillaume et de son armée en Angleterre

    à Pevensey Bay.

  • 14 octobre 1066
  • Bataille d'Hastings

    Victoire décisive de Guillaume sur l'armée d'Harold, qui est tué au combat.

  • 25 décembre 1066
  • Couronnement de Guillaume Ier d'Angleterre

    à l'Abbaye de Westminster.

  • 1067
  • Début de la construction de la Tour de Londres

    (White Tower).

  • 1069-1070
  • La "Dévastation du Nord"

    (Harrying of the North), répression brutale des révoltes Anglaises.

  • 1085-1086
  • Réalisation du Domesday Book

    Grand recensement des terres et des richesses du royaume d'Angleterre.

  • 9 septembre 1087
  • Mort de Guillaume le Conquérant à Rouen

    Il est inhumé à l'abbatiale Saint-Étienne de l'Abbaye aux Hommes à Caen.

Haut-relief

Le haut-relief est une technique de sculpture en trois dimensions, intermédiaire entre la ronde-bosse et le bas-relief : le sujet, généralement figuratif et humain, est presque entièrement sculpté en ronde-bosse mais n'est pas détaché du fond. Un très haut-relief, étant adossé à son arrière-plan, le fond sur lequel il se détache, est moins travaillé, par principe, sur sa face arrière. Ces fonds, ou des éléments d'encadrement, sont souvent travaillés en bas-relief, créant ainsi une hiérarchie entre les sujets par leur traitement.

Huchier

Les huchiers sont les aïeux des ébénistes et des sculpteurs sur bois. À l 'origine, ces artisans du moyen-âge fabriquaient les huches, des coffres décorés de sculptures plus ou moins grossières. Dans le décor des miséricordes (sous les assises des stalles d'une église) les huchiers donnent libre cours à leur fantaisie, les groupes sculptés n'ont pas toujours un caractère religieux, la tendance de l'époque au réalisme stimule l'humour et la verve satirique des artistes.

Inscription lapidaire

Une inscription lapidaire est un texte gravé, incisé ou peint sur la pierre. L'étude des inscriptions lapidaires est l'objet de l'épigraphie. Les inscriptions lapidaires ont été gravées dès l'Antiquité. Par leur durabilité dans le temps, les inscriptions lapidaires ont été une source d'enseignements précieux pour les historiens. Les hiéroglyphes sont typiquement des inscriptions lapidaires et, d'une façon plus générale, murales, qu'elles soient gravées, incisées ou peinte.

Jeanne d'Arc : La Pucelle d'Orléans

Jeanne d'Arc (vers 1412-1431) était une jeune paysanne de Domrémy, Lorraine, dont la foi inébranlable et le destin extraordinaire ont profondément marqué l'histoire de France. Dans un royaume déchiré par la Guerre de Cent Ans et l'occupation anglaise, Jeanne affirma avoir reçu des "voix" divines lui ordonnant de libérer la France et de faire sacrer le Dauphin Charles VII. En 1429, elle parvient à convaincre Charles VII et, prenant la tête des troupes françaises, lève victorieusement le siège d'Orléans en mai, un tournant décisif dans le conflit. Poursuivant sa mission, elle conduit le Dauphin à Reims où il est couronné roi le 17 juillet 1429, restaurant ainsi sa légitimité. Son épopée est malheureusement de courte durée. Capturée par les Bourguignons en 1430 à Compiègne, elle est vendue aux Anglais. Jugée à Rouen par un tribunal ecclésiastique partial présidé par Pierre Cauchon, elle est accusée d'hérésie et de sorcellerie. Malgré sa défense courageuse, Jeanne d'Arc est brûlée vive le 30 mai 1431 sur la place du Vieux-Marché, à seulement 19 ans. Vingt-cinq ans plus tard, son nom est réhabilité. Jeanne d'Arc est devenue un symbole universel de courage, de détermination et de patriotisme, canonisée en 1920 et reconnue comme l'une des figures les plus inspirantes de l'histoire.

Jubé

Un jubé est une structure architecturale médiévale typique des églises, dont la fonction principale était de séparer le chœur, réservé au clergé, de la nef, occupée par les fidèles. Cette tribune surélevée, souvent richement décorée de sculptures en pierre ou en bois, servait également à des fins liturgiques, comme la lecture des épîtres et des évangiles, le chant, ou les prédications. Au fil du temps, particulièrement après le Concile de Trente aux XVIe et XIXe siècles, la majorité des jubés ont été démantelés pour favoriser une meilleure visibilité du chœur, laissant place à des chaires. Aujourd'hui, ces vestiges architecturaux sont rares, faisant d'eux des éléments précieux du patrimoine.

Lavabo

Un lavabo est une vasque permettant de se laver les mains. Il est employé à l’origine, et encore maintenant, dans la liturgie chrétienne, pour désigner le moment de la messe où le prêtre se lave les mains, ainsi que le récipient utilisé à cet effet. L’usage du terme s’est ensuite étendu à des dispositifs à usage domestique. Ce sont les moines cisterciens qui au XIIe siècle, excluant de leurs couvents tout luxe, toute superfluité, ont construit des lavabos dans leurs cloîtres, disposés non pas comme un motif de décoration, mais comme un objet de première nécessité. En effet, les cisterciens s’occupaient à de rudes travaux manuels dont le travail de la terre ; il leur fallait, avant d’entrer à l’église ou au réfectoire, laver les souillures qui couvraient leurs mains.

Lèpre et léproserie

La lèpre est une maladie infectieuse chronique, une bactérie proche de l’agent responsable de la tuberculose. Celle-ci touche les nerfs périphériques, la peau et les muqueuses, et provoquent des infirmités sévères. La lèpre fut longtemps incurable et très mutilante, entraînant « l’exclusion systématique des lépreux » et leur regroupement dans des léproseries comme mesure essentielle. Pour que celle-ci ait autant sévi et se soit implantée pendant près de 1 500 ans, il a fallu des conditions locales particulièrement favorables à la maladie : tout d’abord une mauvaise hygiène, le déversement des ordures sur la route permettant aux animaux errants de s’en approcher et s’en nourrir, des habitations mal construites ne laissant pas la possibilité d’aérer correctement l’intérieur et de chasser l’humidité. À la campagne, les animaux pouvaient pénétrer dans la maison du paysan qui, le soir, s’allongeait avec toute sa famille ainsi qu’avec un potentiel invité sur un matelas au sol près du feu, laissant ainsi libre cours à la contagion. Les personnes n’utilisaient pas de fourchettes et trempaient les doigts directement dans un plat en commun avec l’ensemble de la famille ; les nobles étaient moins exposés. La dernière halte se fait dans l’établissement des lépreux, la léproserie, où on lui lit les « défenses », c’est-à-dire le règlement qu’il doit à présent suivre en tant que lépreux, et les interdits qu’il doit jurer sur l’Évangile de respecter. Il devra se promener avec l’habit du lépreux afin que tous le reconnaissent, il ne devra pas toucher les arbres ou autres plantes sans le port de gants, il ne devra plus recevoir d’autre compagnie que les autres lépreux, etc… Si le lépreux est étranger, il est uniquement chassé sans possibilité de revenir sous peine d’être brûlé vif ; si le malade est originaire du lieu, soit on lui assigne une cabane isolée des habitations, soit, si la ville est riche, une maladrerie est construite pour y accueillir les lépreux et si le malade était un bourgeois, alors sa vie en léproserie était plutôt confortable avec la possibilité de faire venir son mobilier.

Litre funéraire, seigneuriale ou funèbre

Cette ornementation de l’église était réalisée à l’occasion des funérailles d’une personnalité, d’un seigneur, d’un châtelain de la région. Elle consistait en une bande d’étoffe de couleur noire ou une bande noire peinte sur les murs extérieurs ou intérieurs de l’église ou du bâtiment religieux où se déroulait la messe d’enterrement. Cette bande noire placée en hauteur s’agrémentait de représentations du défunt et de ses armoiries. La litre funéraire pouvait faire le tour de tout l’édifice.

Maître-autel

D’abord meuble de bois plus ou moins ouvragé, que l’on déplaçait pour l’office (les premiers lieux de culte ne comportaient habituellement pas d’emplacement consacré), l’autel prend une place fixe, à partir du IVe siècle, dans l’abside (voir abside) des églises nouvellement construites. Il devient inamovible vers le XIIe siècle, étant alors fait de pierre ou de matériau noble, comme le marbre. Y sont insérées des reliques de saints, tout particulièrement (dans l’autel principal) des reliques du saint patron protecteur de l’église. Lorsqu’une église contient plusieurs autels, celui au centre du chœur est appelé autel liturgique, le principal est appelé maître-autel et il est placé dans l’abside depuis le Moyen Âge. Il peut être enrichi d’un retable (voir retable) placé derrière lui.

Manoir

Un manoir est avant tout le siège d’un domaine territorial d’origine seigneuriale. Il est la résidence ou la demeure d’un seigneur, son logis seigneurial. La construction de ces bâtiments remonte souvent au XVe ou XVIe siècle, c’est-à-dire le siècle qui a suivi la fin de la guerre de Cent Ans, témoignant d’une prospérité retrouvée. Un manoir était généralement constitué d’un corps de logis et de dépendances, entourés de champs, de fermes, de pâturages et de bois. Ce n’était pas un édifice à vocation militaire, donc pas un château fort, puisqu’il était interdit au vassal maître des lieux de l’équiper de tours à vocation militaire et d’un donjon. En revanche, ils possèdent en général une tour (ou tourelle) hors œuvre (c’est-à-dire accolée à la maison) abritant un escalier à vis qui permettait de circuler entre les niveaux de la maison. Le « maître » occupait le manoir avec sa famille, quelques domestiques et serviteurs. La population du domaine était composée essentiellement de paysans. Les terres étaient initialement peuplées principalement de serfs qui passaient une grande partie de leur temps à travailler la terre du seigneur en échange de sa protection. Les serfs possédaient ou exploitaient pour leur subsistance juste quelques bandes de terre dans des champs du manoir.

Mascaret

Le mascaret est un phénomène naturel qui se produit sur près de 80 fleuves, rivières et baies dans le monde. Le phénomène correspond à une brusque surélévation de l’eau d’un fleuve ou d’un estuaire. Ce phénomène se caractérise par une vague, plus ou moins haute, qui remonte le cours du fleuve et dont la puissance varie en fonction de la hauteur de la marée, du débit du fleuve à ce moment et de la topographie (profondeur et largeur du lit, bancs de sables, méandres, déclivité, structure de la baie). L’aménagement du fleuve peut le faire s’atténuer ou disparaître comme pour la Seine. C’est une vague, déferlante ou non, remontant le cours d’eau, s’accentuant généralement lorsque son lit se resserre.

Mathilde de Flandre

Mathilde de Flandre, née vers 1031, était une figure emblématique du XIe siècle, dont le destin fut inextricablement lié à celui de Guillaume le Conquérant. Fille de Baudouin V de Flandre et d'Adèle de France, sa lignée prestigieuse la rattachait aux rois capétiens. Son mariage avec Guillaume, Duc de Normandie, vers 1050, fut d'une importance capitale. Contesté initialement par le Pape en raison de leur consanguinité, cette union fut finalement légitimée en échange de la fondation de deux abbayes à Caen : l'Abbaye aux Hommes pour Guillaume et l'Abbaye aux Dames pour Mathilde. Ce compromis souligne la piété du couple et leur respect des institutions ecclésiastiques. Mathilde fut bien plus qu'une simple épouse. Elle se révéla être une régente compétente de la Normandie pendant les absences de Guillaume, notamment lors de la conquête de l'Angleterre en 1066. Couronnée reine d'Angleterre en 1068, elle régna aux côtés de son époux, démontrant son influence et son rôle actif dans les affaires du royaume. Sa générosité envers les institutions religieuses et son statut de mère de nombreux enfants, dont de futurs rois, cimentèrent son héritage. Elle est inhumée dans l'Abbaye aux Dames, qu'elle fit ériger.

Memento mori

"Memento mori" est une expression latine qui se traduit par "souviens-toi que tu vas mourir". C'est un thème récurrent dans l'art et la philosophie, qui sert de rappel de la mortalité humaine. L'idée est que la conscience de notre propre finitude nous encourage à mener une vie plus significative, en nous détachant des biens matériels et des préoccupations futiles. Ce concept se retrouve dans de nombreuses cultures, souvent représenté par des symboles tels que des crânes, des squelettes, des sabliers ou des montres. Dans l'art, il peut prendre la forme de vanités, des natures mortes qui mettent en scène des objets symbolisant la mort et l'éphémère de la vie.

Mérovingiens (Ve au VIIIe siècle)

Les Mérovingiens sont la dynastie qui régna sur une très grande partie de la France et de la Belgique actuelles, ainsi que sur une partie de l’Allemagne, de la Suisse et des Pays-Bas, du Ve siècle jusqu’au milieu du VIIIe siècle. L’histoire des Mérovingiens est marquée par l’émergence d’une forte culture chrétienne parmi l’aristocratie, l’implantation progressive de l’Église dans leur territoire et une certaine reprise économique survenant après l’effondrement de l’Empire romain.

Miséricorde

La miséricorde, également appelée patience ou crédence, est une petite console fixée à la partie inférieure du siège pliant d’une stalle de chœur d’une église. Elle permet au clerc ou au moine qui participe à l’office divin de prendre appui sur elle lorsqu’il se tient debout et que son siège est relevé. Les sujets figurés dans les miséricordes sont très variés, constitués à la fois de motifs religieux, de motifs décoratifs (végétaux ou simples ornements) et d’une large part de ce qui est aujourd’hui considéré comme relevant de l’iconographie profane. Cette dernière catégorie inclut des thèmes issus des bestiaires médiévaux, des portraits, des proverbes, jeux de mots, histoires populaires et parfois des sujets volontiers pornographiques. L’iconographie « osée » de certaines de ces miséricordes peut être interprétée comme issue de détails d’images pieuses dans lesquelles l’artiste puise pour illustrer des métaphores du quotidien.

Modillon

Un modillon est un élément d’architecture qui sert à soutenir une corniche, un avant-toit ou un balcon. Il y en a de très nombreux exemples, en particulier les lignes de modillons sur les églises romanes. Les modillons romans sont remarquables par la créativité des imagiers et la richesse des thèmes qu’ils abordent. La naïveté et la gaucherie du style des uns frappent tout autant que l’habileté soignée des autres. La verve du tailleur s’est souvent donnée libre cours. La liberté d’inspiration est élevée puisque des scènes érotiques ou obscènes jouxtent des ornementations florales ou géométriques, des représentations animalières ou monstrueuses aussi bien que des évocations de thèmes religieux, éducatifs, moraux. L’homme moderne est conduit à s’interroger sur la dimension purement ornementale des modillons ou sur leur éventuelle portée symbolique.

Monastère

Un monastère est un ensemble de bâtiments où vit une communauté religieuse de moines ou de moniales. Il en existe dans les religions chrétiennes et bouddhistes. En raison de son organisation, on peut parler d'abbaye si l'établissement religieux monastique est dirigé par un abbé, ou de prieuré s'il est de moindre importance. Le prieuré est souvent dépendant d'une abbaye ou d'un autre monastère.

Motte castrale

Une motte castrale, souvent appelée « motte féodale », est un type particulier de fortification de terre qui a connu une large diffusion au Moyen Âge. Elle est composée d’un remblai de terre rapportée, volumineux et circulaire, le tertre. La motte castrale est remplacée par le château fort en pierre à la fin du Moyen Âge. Dans la plupart des cas, le tertre était entouré d’un fossé, le sommet étant occupé par une forte palissade. Un fortin de bois y était aménagé avec une tour de guet analogue à un donjon. La motte peut être considérée comme un château fort primitif. La défense s’organise donc localement autour des mottes, rapides à construire, et qui utilisent des matériaux peu coûteux et disponibles partout. Progressivement se distingue ainsi une élite guerrière dont la motte castrale matérialise l’autorité. Le seigneur assure la protection d’un lieu commercial ou économique (souvent un village) et la motte devient un élément dominant de l’organisation spatiale. Elle peut servir également de résidence seigneuriale. L’émergence du pouvoir banal sur l’ensemble du territoire au début du XIe siècle est un élément supplémentaire favorisant la généralisation des mottes, qui se développent surtout à partir du XIIe siècle.

Moyen-Âge (fin du Ve à la fin du XVe siècle)

Le Moyen Âge est une période de l’histoire de l’Europe, s’étendant de la fin du Ve siècle à la fin du XVe siècle, qui débute avec le déclin de l’Empire romain d’Occident et se termine par la Renaissance et les Grandes découvertes. Située entre l’Antiquité et l’époque moderne, la période est subdivisée en trois périodes :

  • le haut Moyen Âge (Ve au Xe siècles),
  • le Moyen Âge central (XIe-XIIIe siècles)
  • le Moyen Âge tardif (XIVe-XVe siècles). Le Moyen Âge tardif est marqué par des famines, la peste noire et les guerres (guerres de Cent ans) qui réduisent fortement la population de l’Europe occidentale tandis que l’Église catholique traverse de profondes crises théologiques. Les changements culturels et technologiques de la période transforment néanmoins la société européenne et ouvrent la voie à la Renaissance et à l’époque moderne.

Nécropole

Une nécropole est un groupement de sépultures monumentales ou de tombes séparées des lieux de culte. Espace funéraire généralement antique, il se distingue du champ funéraire préhistorique qui n’abrite pas de monuments, et du cimetière médiéval qui voit l’extension des lieux de culte à leur environnement funéraire sacralisé. Par extension, le terme peut prendre plusieurs sens : un groupement de nombreuses tombes, dans le sens employé en archéologie ; un ensemble de sépultures monumentales agglomérées ; et par abus de langage, une nécropole princière (un monastère ou une abbaye) où les princes d’une dynastie ou d’un État ont coutume de se faire inhumer.

Nef

En architecture, la nef est une salle oblongue d’une église allant de la façade à la croisée du transept ou à l’entrée du chœur, pour l’église avec ou sans transept, et qui est fermée par deux murs latéraux et un comble. La nef comprend le vaisseau central et les éventuels collatéraux. La nef est le lieu de prière pendant la messe. C’est le lieu principal où se tiennent les fidèles lors des célébrations et des offices.

Néolithique

Le Néolithique (autrement appelé « âge de la pierre polie »), est une période marquée par de profondes mutations techniques et sociales, liées à l’adoption par les groupes humains d’un modèle de subsistance fondé sur l’agriculture et l’élevage, et impliquant le plus souvent une sédentarisation. Les principales innovations techniques sont la généralisation de l’outillage en pierre polie, la poterie, ainsi que le développement de l’architecture. Selon les aires géographiques considérées, ces importantes mutations sont relativement rapides. La néolithisation est toutefois un phénomène progressif, survenu à des dates différentes selon les régions. Le Néolithique débute au Proche-Orient vers 8.500 ans av. J.-C., et atteint la Grèce vers 6.500 ans av. J.-C. Il commence en Chine un peu plus tard, vers 6.000 ans av. J.-C.. Si l’on ne considère que la période chronologique, elle prend fin avec le développement de l’utilisation technique des métaux et le début de l’âge du bronze, soit vers 2.100 av. J.-C. en Europe occidentale.

Orant ou priant

Un orant ou priant, désigne, dans l’art religieux, un personnage représenté dans une attitude de prière, souvent agenouillé, parfois devant un prie-Dieu. La réalisation est fréquemment une statue ou une sculpture en haut-relief qui met en scène un défunt, un seigneur locale ou des épisodes bibliques.

Organisation Todt

L'Organisation Todt était une entité d'ingénierie civile et militaire du Troisième Reich, dirigée initialement par Fritz Todt, puis par Albert Speer. Fondée en 1938, elle fut d'abord chargée de la construction des autoroutes Allemandes. Pendant la Seconde Guerre mondiale, son rôle s'est étendu à la réalisation de vastes projets militaires, comme le Mur de l'Atlantique, des bases de sous-marins et des usines d'armement. L'Organisation Todt est tristement célèbre pour son recours massif au travail forcé, employant des millions de prisonniers de guerre, de travailleurs civils et de déportés dans des conditions inhumaines à travers l'Europe occupée. Elle fut un pilier de l'effort de guerre nazi, bâtissant les infrastructures nécessaires à son expansion et à sa défense.

Ossuaire

Un ossuaire est un récipient (coffre, urne, reliquaire), une construction, ou tout autre site (puits, catacombes) destiné à accueillir des ossements humains. Durant l’Antiquité, en Judée, il existe un rite funéraire juif appelé inhumation primaire et secondaire. Au cours de l’inhumation primaire du cadavre dans une chambre funéraire, le corps est laissé en décomposition pendant environ un an afin de récupérer un squelette nu. Lors de l’inhumation secondaire, la famille du défunt regroupe ses os qui sont jetés en vrac dans des fosses collectives. Au cours du Moyen Âge, l’inhumation la plus courante était en fosse commune (la pratique des tombes individuelles ne s’est généralisée que dans la première moitié du XVIIIe siècle), Ces charniers faisaient office de pourrissoir où l’on entassait en vrac les ossements plus ou moins décharnés avant qu’ils ne soient empilés dans des ossuaires.

Païen

Païen est un nom formé à partir du terme latin « paganus » lequel signifie «paysan du village ou civil » et qui provient lui-même du mot « pagus » qui signifie « village ». Il signifie principalement sans religion. Terme ayant à l’origine une connotation péjorative, le « pagus » étant l’antithèse de la cité, symbole de la civilisation, utilisé par les chrétiens et l’église pour discréditer les anciennes croyances.

Peste

La peste est une maladie grave, le plus souvent mortelle, et responsable de plusieurs dizaines (voire centaines) de millions de morts depuis l’Antiquité lors de grandes épidémies. La peste pulmonaire, hautement contagieuse, est propagée par expectoration (l’individu infecté tousse). Jusqu’au XIXe siècle, d’autres grandes épidémies comme celles de choléra, de dysenterie, de charbon ou de fièvre hémorragique virale, ont parfois été désignées à tort comme des épidémies de peste par ceux qui les ont subies ; on parlait éventuellement de maladies pestilentielles. Les épidémies de pestes sont regroupées en trois pandémies d’importance mondiale : La première pandémie est la peste de Justinien (541-767). La deuxième pandémie commence par la peste noire (1348-1352). En 1347, des navires infectés abordent en Europe et déclenchent une épidémie dont mourra un quart de la population occidentale en quelques années. À partir du XVIe siècle, l’Europe découvre les mesures d’isolement et séparation des malades dans les hôpitaux, avec désinfection et fumigation des maisons, isolement des malades, désinfection du courrier et des monnaies, création d’hôpitaux hors les murs, incinération des morts. Ainsi, jusqu’au XVIIIe siècle, des épisodes majeurs de peste seront encore signalés régulièrement en Europe, La troisième pandémie débute vers la fin du XIXe siècle. Cette pandémie naît sur les hauts plateaux d’Asie centrale. En France, ont été touchés Marseille (1902), 33 cas en quarantaine sur l’archipel du Frioul, dont 6 décès, et Paris (1920) une centaine de cas dont 39 décès (quartier des chiffonniers de Saint-Ouen), contamination par péniche venue du Havre. La dernière épidémie de peste en France a été celle d’Ajaccio (Corse) en 1945, avec 13 cas dont 10 décès.

Pietà

Pietà, ou Vierge de Pitié, est un thème artistique de l’iconographie en sculpture et peinture chrétienne ; il représente la Vierge Marie en Mater dolorosa, mère pleurant son fils, le Christ qu’elle tient sur ses genoux au moment de la descente de croix, après la crucifixion et avant sa mise au tombeau.

Polychromie

La polychromie est l’état d’un corps dont les parties offrent des couleurs diverses. Elle s’oppose à la monochromie. L’adjectif polychrome s’emploie pour parler de statue polychrome, de toiture polychrome, de céramique polychrome. Les artistes chrétiens du Moyen Âge tirent également quelquefois parti de la polychromie, surtout pendant la période romane et les premiers siècles de la période gothique. Pendant les premiers siècles de l’ère chrétienne, il est communément admis que les églises doivent être entièrement peintes à l’intérieur mais également à l’extérieur dans certains édifices, et la peinture atteint son apogée au XIIe siècle en France. Avant cette époque, la peinture est appliquée soit sur la pierre même, soit à fresque sur un enduit couvrant les murs de maçonnerie. On renonce à la peinture extérieure de l’architecture à compter du XVIe siècle.

Poterne

Une poterne est une petite porte qui était intégrée aux murailles d’une fortification, de façon discrète et qui permettait aux habitants du château de sortir ou rentrer à l’insu de l’assiégeant. Placée dans le bas des courtines, au niveau des fossés, elle était généralement sous la protection des meurtrières d’une tour proche.

Poutre de gloire ou perque de crucifix

Une poutre de gloire ou perque est une poutre peinte, sculptée ou orfévrée, placée transversalement entre les sommiers d’un arc triomphal (arc de maçonnerie séparant la nef et le chœur d’une église), à l’entrée du transept ou à l’orée de l’abside. La poutre de gloire est ainsi désignée parce qu’elle porte toujours en son centre un crucifix, accompagné ou non de statues ou d’ornements en lien avec la Crucifixion (Marie et saint Jean, instruments de la Passion). La poutre peut avoir diverses formes et ornementations : simple poutre rectiligne, ou présentant des courbes et contre-courbes comme à l’époque baroque. Dessus pouvaient être disposés des reliquaires ou suspendus divers objets sacrés (châsses, sachets de reliques).

Prieuré

Le prieuré est généralement un établissement religieux créé par une abbaye plus importante sur un domaine foncier qui lui a été donné ; il est desservi par des moines de cette abbaye qui en gèrent le temporel sur place et envoient les revenus à leur abbaye. Les prieurés sont dotés d’églises construites et entretenues par l’abbaye-mère. Il existe plusieurs types d’établissement prieural : le prieuré dit simple ou rural, et le prieuré conventuel. Le prieuré rural est sous la dépendance directe de son abbaye, qui soit a fondé celui-ci, soit l’a obtenu en donation. Le prieuré conventuel est un établissement de taille plus importante, et pouvant compter sous sa dépendance directe d’autres prieurés ruraux, parfois jusqu’à une dizaine. Toutefois, lorsqu’un prieuré atteint une certaine autonomie tant du point de vue du personnel (nombreux moines, postulants et novices) que dans le domaine économique, il peut être érigé en abbaye. L’église devient alors abbatiale et un abbé est nommé par la communauté des moines.

Reliques

Les reliques sont les restes matériels qu'a ou qu'aurait laissés derrière elle en mourant une personne vénérée : soit des parties de son corps, soit d'autres objets qu'elle a, ou avait, pour certains croyants, sanctifiés par son contact.

Renaissance Française (1495 – début du XVIIe siècle)

La Renaissance Française est un mouvement artistique et culturel situé en France entre le milieu du XVe siècle et le début du XVIIe siècle. Étape de l’époque moderne, la Renaissance apparaît en France après le début du mouvement en Italie et sa propagation dans d’autres pays européens. Ses traits caractéristiques sont la soif de vivre, la confiance en l’Homme, l’appétit du savoir, l’esprit de libre examen. Ce mouvement remet en cause les mentalités du Moyen Âge et recherche de nouvelles formes de vie et de civilisation. En effet, les possibilités de diffusion de l’information par l’imprimerie, et la découverte d’un nouveau monde au-delà de l’Atlantique, modifient profondément la vision du monde des hommes de cette époque. À chaque étape de son développement, l’art de la Renaissance Française est resté un art original, né d’une rencontre entre les modèles italiens, des artistes flamands et les particularités françaises.

Retable

Le retable est une construction verticale qui porte des décors sculptés, parfois peints, en arrière du maître-autel d’un édifice religieux (église, chapelle). Orné de représentations historiées ou figurées, le retable peut être en différents matériaux (métal, ivoire, bois, émail, pierre) et ses décors sont souvent dorés. Il a l’avantage d’être largement visible. Il est fréquent qu’un retable se compose de plusieurs volets, deux pour un diptyque, trois pour un triptyque voire davantage pour un polyptyque. Le retablier est un sculpteur ou un architecte qui réalise des retables. Il s’associe les compétences de nombreux artisans-artistes (sculpteurs, peintres, doreur, polychromeur, huchier) pour les réaliser.

Révolution Française (1789)

La Révolution Française désigne une période de bouleversements sociaux et politiques de grande envergure en France, dans ses colonies et en Europe à la fin du XVIIIe siècle. La période habituellement comprise s’étend entre l’ouverture des États généraux, le 5 mai 1789, la prise de la Bastille le 14 juillet 1789, et au plus tard le coup d’État de Napoléon Bonaparte. Cette période de l’histoire de France a mis fin à l’Ancien Régime en remplaçant la monarchie absolue par une suite de régimes plus ou moins définis, dont la Première République un peu plus de trois ans après la prise de la Bastille. Cet événement conduira à la vente des biens nationaux qui défigureront à jamais le paysage notamment Normand.

Sémaphore

Lors de sa création en 1806, le sémaphore était un poste de défense établi sur la côte, chargé de surveiller les approches maritimes et de signaler par signaux optiques toute activité ennemie. Dans la deuxième moitié du XIXe siècle, les sémaphores sont avec leur capacité télégraphique conçus comme un canal de communication, le seul pour l’époque en tout point de la côte entre les navires et la terre, notamment les armateurs. Les sémaphores étaient des bureaux télégraphiques à part entière. Aujourd’hui, le sémaphore est un poste de surveillance en bord de côte qui assure des missions diversifiées qui vont de l’assistance à la navigation jusqu’à la surveillance du territoire en passant par la régulation du trafic maritime et de la pêche.

Stalles

Les stalles sont les rangées de sièges, généralement en bois richement travaillé et sculpté, liés les uns aux autres et alignés le long des murs du chœur des cathédrales ou églises, collégiales et abbatiales, répartissant en deux groupes les chanoines, moines et moniales (ces derniers dans les couvents). Ils se trouvent ainsi divisés en deux chœurs pour la pratique de la psalmodie, pour les moments de chant alterné ou de récitation alternée, des psaumes et des autres textes de l’office divin. Ces sièges ont la caractéristique de permettre deux positions : ou bien assise ou bien debout (si le siège est relevé), avec appui sur une miséricorde (voir miséricorde). Elles sont principalement réalisées par une main-d’œuvre qualifiée, les huchiers.

Style néo-roman

Le style néo-roman était un style en vogue à la fin du XIXe siècle inspiré par le style architectural roman des XIe et XIIe siècles. Les caractéristiques distinctives les plus couramment employées dans les bâtiments néo-romans étaient les voûtes en berceau, les fenêtres en arc plein cintre et les bandeaux. À la différence du style roman classique, cet « éclectisme » roman avait tendance à aller vers des arches et des fenêtres simplifiées par rapport à leurs modèles historiques.

Temple de la Raison

Un temple de la Raison, créé sous la Révolution française en 1793, est un temple athée consistant en un monument chrétien reconverti pour y organiser le culte de la Raison des hébertistes athées (automne 1793-printemps 1794), puis le culte de l'Être suprême des montagnards déistes (printemps 1794-été 1794). La « religion » centrée sur le culte de la Raison devait rassembler tous les peuples sous la devise de la liberté et de l'égalité afin de revenir aux principes fondamentaux de la République romaine, ce qui signifiait explicitement la fin de toutes les monarchies. Le principal instigateur du culte de l'Être suprême fut Robespierre. Député du tiers état, puis chef de file du parti des montagnards devenu l'un des accusateurs, avec son collaborateur direct Saint-Just lors du procès de Louis XVI et figure prépondérante du Comité de salut public de juillet 1793 à juillet 1794, il proposa, pour contrer la religion catholique mise à l'index depuis 1792, mais aussi pour contrer les idées athées, de créer une nouvelle « religion », d'où l'idée de « reconsacrer » des églises, dont celle de sainte Geneviève à Paris, en temples maçonniques dits « de la Raison ». En effet, sainte Geneviève était vénérée pendant la Révolution, car elle avait protégé Paris contre l'invasion des Huns en 451. Un grand nombre d'autres églises de province connurent le même sort. Cependant, de nombreuses églises qui servaient d'entrepôts avaient été vendues ou affectées à d'autres usages et ne furent pas transformées en temples de la Raison ou en temples de l'Être suprême. Le concordat rétablira en 1801 le culte catholique dans les églises.

Tour-lanterne

Une tour-lanterne est une tour d’édifice majoritairement religieux, comportant des ouvertures par lesquelles la lumière peut pénétrer dans l’édifice, d’où son nom de « lanterne ». La tour-lanterne intégrée au bâtiment principal s’élève généralement au-milieu de l’édifice entre le choeur et la nef (la croisée des transepts). Elle comporte des ouvertures par lesquelles la lumière naturelle éclaire la croisée et dans une moindre mesure le chœur adjacent. La tour-lanterne est la caractéristique des grandes églises de l’époque de l’architecture romane, et également de la période de l’architecture gothique en Normandie.

Transept

Le transept est une nef transversale qui coupe à angle droit la nef principale d’une église et qui lui donne ainsi la forme symbolique d’une croix latine. La croisée du transept est la partie centrale du transept, commune avec le vaisseau principal de la nef. Le plus souvent, la croisée sépare la nef et le chœur. Elle peut être surmontée d’une tour-lanterne ou d’une coupole. Chacune des parties de part et d’autre de la croisée s’appelle bras ou croisillon. Dans les plus grands édifices, le transept peut être flanqué de collatéraux. À l’inverse, dans de petites églises rurales, le transept peut être absent, ou remplacé par un faux transept formé de deux chapelles latérales. Il augmente également l’espace intérieur de l’église et joue son rôle ordinaire de lieu de passage marquant la séparation liturgique entre le chœur des religieux à l’est et la nef des fidèles à l’ouest.

Triforium

Un triforium est une galerie de circulation (ou un passage étroit) ménagée dans l'épaisseur du mur, au-dessus des grandes arcades du rez-de-chaussée de la nef, du transept ou du chœur d'une église médiévale. Il est typiquement situé sous les fenêtres hautes (le clair-étage) et au-dessus du premier niveau des arcades qui séparent l'espace central (la nef, le transept, le chœur) des bas-côtés (les collatéraux). Il se présente généralement comme une série d'arcatures ouvertes vers l'intérieur de l'édifice, souvent ornées de colonnettes et de chapiteaux. Ces arcatures peuvent être aveugles (fermées par un mur à l'arrière) ou bien donner sur un passage praticable.

Tumulus

Le mot latin tumulus (au pluriel tumuli) désigne une éminence artificielle, circulaire ou non, recouvrant une sépulture. Un tumulus est fait de terre et de pierres. La tombe peut être de dimensions très variables : d’un simple dépôt d’ossements brûlés jusqu’à une chambre sépulcrale très élaborée en pierre sèche et/ou en dalles. Le tumulus est souvent consolidé sur son pourtour par un parement en pierre sèche, voire par des blocs plus gros ou même par des pierres levées. Dans le cas des monuments les plus imposants, il peut y avoir une façade architecturée au niveau de l’entrée de la sépulture.

Tympan

En architecture, le tympan désigne l’espace semi-circulaire d’un portail, compris entre le linteau et un arc plein-cintre ou une voûte d’ogive. Il est surmonté par des archivoltes. Le tympan porte souvent des ornements ou des sculptures, parfois étagés sur plusieurs niveaux. Il est notamment utilisé pour présenter un bas-relief en façade des églises d’architecture romane ou gothique. Le tympan de la porte principale occidentale, le plus important, présente les dogmes fondamentaux de la foi chrétienne (Christ en majesté, jugement dernier…)

Vase acoustique

Les vases acoustiques sont des récipients en terre cuite scellés dans les murs et parfois sous le sol des églises médiévales. Les vases acoustiques se présentent sous forme d’un ou de plusieurs vases que les constructeurs ont insérés dans la maçonnerie afin de donner à l’espace considéré un certain rendu sonore propre, une qualité acoustique désirée. Le rôle de ces récipients est supposé améliorer ou modifier le son de la voix du prêcheur ou des chanteurs. L’effet des vases consiste à absorber une partie des résonances sur des fréquences bien précises plutôt que d’amplifier le son.

Vauban (Sébastien Le Prestre de Vauban)

Sébastien Le Prestre, chevalier, connu généralement sous le nom de Vauban (1er mai 1633 – 30 mars 1707), est un ingénieur, architecte militaire, urbaniste, ingénieur hydraulicien et essayiste français. Il est nommé maréchal de France par Louis XIV. Vauban préfigure, par nombre de ses écrits, les philosophes du siècle des Lumières. Expert en poliorcétique (c’est-à-dire en l’art d’organiser l’attaque ou la défense lors du siège d’une ville, d’un lieu ou d’une place forte), il donne au royaume de France une « ceinture de fer » pour faire de la France un pré carré (selon son expression) protégé par une ceinture de citadelles. Il conçoit ou améliore une centaine de places fortes. L’ingénieur n’a pas l’ambition de construire des forteresses inexpugnables, car la stratégie consiste alors à gagner du temps en obligeant l’assaillant à mobiliser des effectifs dix fois supérieurs à ceux de l’assiégé. Il dote la France d’un glacis qui la rend inviolée durant tout le règne de Louis XIV (à l’exception de la citadelle de Lille prise une fois) jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, période où les forteresses sont rendues obsolètes par les progrès de l’artillerie.

Voussoir

Un voussoir est une pierre de taille en forme de coin (ou de pyramide tronquée) formant l’appareillage d’un arc, ou le cintre d’une voûte ou d’une arcade. De façon plus contemporaine, les voussoirs sont constitués en béton. Préfabriqués puis assemblés sur l’ouvrage d’art, ils forment les voûtes des tunnels ou des arcades des ponts et viaducs.