Ses origines remontent au XIe siècle, mais il ne reste rien de cette époque, le chœur et la nef étant profondément remaniés vers 1780. Le clocher en bâtière est érigé vers 1685. Le chœur peint et lambrissé possède un tableau représentant le Christ au jardin des oliviers et deux niches abritant une statue de Saint-Hermeland à gauche et Saint-Martin à droite. L’église possède un riche mobilier : autels anciens dans les chapelles, bancs de chœur ou stalles du XVIIIe siècle ainsi qu’une magnifique chaire à prêcher en bois sculpté datant du dernier quart du XVIIIe siècle.
C’est l’hiver, un soir chez Jean, un propriétaire d’une ferme du village. Un certain nombre de voisins et de voisines étaient venus faire la veillée. Tous étaient réunis autour de la vaste cheminée au cœur de laquelle trônait un grand chaudron où chauffait les pommes de terre pour nourrir les cochons.
A l’un des angles, le maître de maison fabriquait des corbeilles composées de boudins de pailles, liés de tiges de ronces fendues. A l’autre angle son vieux père ; que l’âge dispensait du travail. A côté de lui, le plus jeune fils raccommodait son fouet. La dame du logis, debout, allait et venait, disposait dans des terrines le lait rapporté de la traite du soir, enlevant la crème qui se formait sur le lait pour faire le beurre. Les femmes cousaient, les jeunes gens taillaient le chanvre ou dépouillaient les joncs de leur écorce. Une servante agenouillée, entretenait le feu.
De temps en temps, un gobelet plein de cidre circulait à la ronde. On chantait, on causait, on contait des histoire qui faisaient rire ou qui faisaient peur. On entendait le vent, la pluie tomber au dehors, et l’on se sentait bien heureux d’être à l’abri.
Depuis quelques jours, la ferme accueillait un chien. Un des invités, Jacques, demanda à Jean :
- "Au fait Jean, qu’est-ce-que c’est que ce chien qui vient à la ferme à la nuit tombée, il n’est pas là ce soir ? D’où vient-il ?".
Jean répondit :
- "Je n’en sais rien, il s’est "arruelé" comme ça chez nous. Il est triste comme un chien qui a perdu son maître. Il entra ici un soir, efflanqué, affamé. On lui donna des pommes de terre destinées aux cochons, il se jeta dessus. On eût dit qu’il n’avait pas mangé depuis huit jours. Et depuis-lors, il revient tous les soirs, il mange et s’en retourne. Mais parfois, il vous regarde avec des yeux quasi humains".
À ce moment, le chien aboya à la porte, on lui ouvrit. D’un bond il s’élança au milieu de la salle, il était tout dégoûtant d’eau. Après s’être un peu secoué, il se dirigea vers Jean en remuant la queue, puis il se coucha dans l’âtre. Il avait l’air d’être chez lui. Tout en se chauffant, il regardait les veilleurs comme pour les reconnaître. Quelqu’un fit remarquer que la pluie avait cessé et qu’il était déjà tard.
Chacun avait fini la tâche qu’il s’était imposée et tous se retirèrent. La maîtresse de maison et les servantes allèrent à l’étage préparer les lits et Jean resta seul avec le chien. Celui-ci, après avoir mangé quelques pommes de terre qu’on lui avait données, s’était installé dans un coin de l’âtre et ne paraissait pas disposé à sortir.
- "Est-ce que tu vas coucher là ?" lui dit Jean.
Le chien le regarda, étendit les pattes en avant comme pour indiquer qu’il voulait s’établir à la demeure.
- "Veux-tu bien t’en aller ?" lui dit Jean d’un ton menaçant.
Le chien le regarda d’un air suppliant et s’arrangea encore mieux pour dormir à son aise.
Jean, impatienté, lui donna un coup de pied en disant :
- "Je te ferai bien partir".
- "Ah mon père, si vous saviez en quel état je suis réduit, vous auriez pitié de moi" lui dit le chien d’une voix humaine.
Jean recula, abasourdi. "Un chien qui parle ! Qu’est-ce que ça veut dire, mon Dieu !".
Le chien s’adressa à nouveau à Jean :
- "Cela veut dire, mon père, qu’au séminaire de la ville où vous m’avez envoyé pour étudier et où vous me croyez toujours, j’ai lu dans un livre que j’ai trouvé ouvert chez le supérieur, un jour qu’il était absent, et je me suis senti tout à coup devenir chien. J’ai erré pendant quelques temps, puis je me suis dit qu’il valait mieux revenir chez vous, mon père, et me voilà".
Jean avait bien entendu raconter des histoires de ce genre. On lui avait bien dit que tous les prêtres ont un livre mystérieux, le grimoire, qui produit des effets forts étranges quand on le lit. On lui avait bien raconté que le curé de Jobourg, pour avoir lu un livre pareil, était resté trois jours en enfer, mais comme au retour il n’avait pu en dire que ce que tout le monde en disait déjà, Jean ne croyait pas à ces métamorphoses, il ne croyait pas à ce voyage.
Et voilà maintenant que ce chien lui parlait et prétendait être son fils !
Jean ajouta :
- "Mais si ce que tu dis là est vrai, que faire pour te rendre la forme humaine ?"
Le chien répondit :
- "Ce n’est pas très difficile, mon père. Il faut défaire ce que j’ai fait, délire ce que j’ai lu, c’est à dire à rebours. C’est ce qu’on a fait pour rappeler le curé de Jobourg. J’ai laissé le livre ouvert à la page".
Jean ajouta :
- "Mais si on lisait un autre passage que celui que tu as lu, n’arriverait-il pas malheur ?"
La bête répondit :
- "Oui, le lecteur pourrait être changé en bête ou aller en enfer. Il faut se mettre à deux. Si l’un des deux voit son camarade disparaître, il délit le passage et l’autre revient ou reprend sa forme".
Jean répondit à son fils :
- "Malheureux enfant ! Reste ici. On te nourrira. Ne dis rien à ta mère. J’irai au séminaire et je tâcherai d’arranger tout cela. Dors en attendant".
Le lendemain, Jean prit un prétexte et s’en alla de bonne heure jusqu’au séminaire.
Depuis ce jour, jamais plus un chien ne vint aboyer à la porte du logis.