18  Calvados Sud Ouest - Région de SAINT-MARTIN-DES-BESACES

Église XVI^e, XVII^e s.

La veuve Paulin, croyante et pratiquante ne manquait aucune cérémonie religieuse dans l’église de la commune. Vint le jour où le Bon Dieu décida de la rappeler à lui. On organise donc l’enterrement qui aura lieu 36 heures après le décès.
Le jour prévu, le cortège quitte ainsi le domicile de la veuve pour l’emporter vers sa dernière demeure, mais voilà ; on a oublié la croix. Les mégères de la commune n’hésitèrent pas à critiquer ce fâcheux oubli en ajoutant :
- "Ah dame ça fait bien, un cortège mortuaire sans croix pour l’précéder!".
Arrivé à l’église, on s’aperçoit que l’enfant de chœur n’est pas là, il a oublié, lui aussi semble t’il. Tant pis, le bedeau prit le relais en faisant aussi bien office de sonneur que de servant de messe :
- "Cela fut comme ce put" ajouta t’il.
La cérémonie terminée, on porte la veuve jusque dans le cimetière et on s’aperçoit vite que la fosse est trop petite pour le cercueil. La baguette qui avait servi à prendre les mesures avait perdu, en chemin, au moins six pouces de longueur. Les fossoyeurs déposent donc le cercueil sur le bord de la fosse et se remettent à piocher.
Mais voilà que le mauvais temps s’en mêle. Une pluie battante et un vent glacial s’invitent aux funérailles. Le curé, trouvant que la remise aux "bonnes dimensions" de la fosse commençant à s’éterniser que de trop, quitta la veuve pour aller dîner, de sorte que l’enterrement se termina sans lui.
Les commères de la commune, ulcérées par tous ces incidents ne manquèrent de commenter entre-elles cette triste cérémonie. Et l’une d’elle d’ajouter :
- "Pourtant, la bonne vieille veuve Paulin, il est bon de le dire, donnait 80 francs tous les ans à l’église. L’en voilà ben récompensée ! Et elle laisse 400 francs pour se faire dire des messes. Elle est capable, une de ces nuits, de r’venir de l’aut’e monde pour les r’demander, et elle aurait ben raison…"

La légende raconte qu’on trouva la statue de Saint-Quentin dans un buisson de houx bordant le chemin. Aussitôt les habitants du village voulurent avoir cette statue dans leur église. Ils la chargèrent sur un char attelé à des chevaux blancs. À mi chemin, l’équipage s’arrêta net. On eut beau fouetter les chevaux, ce fut en vain. On les détela et on essaya de pousser la voiture. Rien n’y fit. Alors, on décida de reconduire le saint à l’endroit où on l’avait pris et on construisit un oratoire sommaire. Depuis 1971, la statue du saint repose dans cette chapelle construite grâce à la générosité des habitants et des pèlerins.

La légende veut que des grands-mères allaient au dolmen comme à un lieu de pèlerinage, pour que leurs petits-fils obtiennent un bon numéro lors du tirage au sort de la conscription (inscription des jeunes hommes pour le service militaire). Elles déposaient une branche de palmier sur le milieu de la table, en faisant neuf fois le tour de la Pierre à reculons.